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Critique de Pecosa


Le village de Burach dans les Pyrénées ne compte plus que deux habitants, le narrateur Simon Lerouge, un ancien étudiant en médecine réfractaire au STO venu se réfugier chez sa tante durant la guerre et un nain superstitieux prénommé Collin. En 1971, ces deux hommes vivent au milieu de maisons vides, au rythme des saisons, se contentant des plaisirs simples de la vie. Pourtant tous les deux partagent un secret qu'ils ne peuvent révéler à quiconque de peur de finir à l'asile. Car Burach n'est pas qu'un simple village. Comme Tywardreath dans La maison sur le rivage de Daphné du Maurier, ou l'île de Wight dans Apparition de Masterton, la commune a connu d'étranges phénomènes, témoin involontaire de drames et de passions qui ont eu lieu six siècles auparavant.
Bruits mystérieux, apparitions, rencontres… tout a commencé le 25 novembre 1943, lorsque le boulanger Couderc a rencontré une femme vêtue d'étrange manière, qu'il a prise pour une réfugiée. Dans un français archaïque, elle lui a appris qu'elle cherchait du pain, car son village, en proie à la mort noire, était isolé du reste du monde par les soldats du seigneur. Peu à peu, des gens affamés sortis d'un autre temps sont venus réclamer pitance. Puis est passée une charrette qui ramassait des morts. Des cadavres de rats se sont mis à pourrir dans les rues du village. Des loups affamés ont commencé à rôder. La crainte a gagné les villageois, « Vous comprenez, avec tous ces étrangers…. Ces Allemands, ces Espagnols dans le maquis. On a eu peur." Lorsque des habitants se sont mis à mourir les uns après les autres, la peur est devenue terreur.

G.J Arnaud nous offre en 1973 un très joli roman fantastique, une variation efficace sur la distorsion du temps, l'oscillation entre deux époques, le Moyen-Âge de l'an 1335 et la France de 1943 et de 1971. A chaque période sa peste, la peste noire qui ravage les campagnes, et la peste brune symbolisée par les troupes d'occupation qui ratissent les villages et les bois à la recherche de réfractaires au S.T.O. et de maquisards. Les loups des forêts médiévales rôdent comme ceux qui sont entrés dans Paris en 1940.
Trois dates, trois périodes, rythment ce court roman onirique, dont le fil conducteur est le thème de l'impossible retour. G.J. Arnaud sait donner à chaque époque sa teinte particulière, violence, paillardise,superstition pour le XIVème siècle, rationalité, méfiance et pudeur pour la France occupée. Simon et Collin durement frappés par un voyage dans le temps aussi soudain que sanglant partagent avec leur solitude, l'insupportable manque, pour le premier de la femme aimée et pour le second, de son époque.
La mort noire est une totale réussite qui a le charme des amours impossibles et vous laisse plongé dans une douce mélancolie
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