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Critique de isabellelemest


Un très beau roman.

L'auteur, un Pakistanais de 47 ans, ayant émigré en Grande-Bretagne avec sa famille à l'àge de 14 ans, essaie, à travers une trame romanesque aux personnages multiples et aux rebondissements tantôt apaisants, tantôt haletants et violents, de faire un portrait de son pays, de ses idéologies et de la mentalité de ses concitoyens, au lendemain de l'invasion de l'Afghanistan en 2002.

Les personnages principaux sont membres d'une même famille, avec le vieux Rohan, fondateur d'une école musulmane mais non intégriste, et ses enfants, Yasmin et Jeo et leurs frères adoptifs Mikal et Basie, ainsi que Naheed, fille de Tara et jeune épouse de Jeo, bientôt veuve... Les deux demi-frères Jeo et Mikal se sont jurés de porter une assistance, plutôt humanitaire, à leurs frères afghans menacés par les forces de l'OTAN, ils quittent donc le Pendjab pour les confins du nord du pays... Hélas la guerre est impitoyable et Jeo en sera la première victime, tandis que Mikal, prisonnier d'abord d'un "war lord", puis des Américains, s'échappe en tuant deux de ses gardiens occidentaux. Pendant ce temps Rohan, veuf et âgé, perd la vue et ne peut plus prendre soin de son magnifique jardin, planté d'essence rares, un havre de paix au milieu d'un pays en proie aux convulsions de la guerre. Seule Naheed, sa bru devenue veuve, lui apporte son aide.

L'intrigue est touffue et il est difficile d'en rapporter toutes les péripéties... Ce qui s'en dégage c'est le cri de douleur d'un écrivain qui a mal à son pays natal, le Pakistan. Il l'évoque de façon extrêmement poétique, à travers des passages d'une beauté à couper le souffle, et en exprime la profonde humanité mais aussi la violence aveugle et le fanatisme. Ne prenant pas parti entre tous les belligérants qui font concours de foi aveugle, de tortures, d'exécutions, il renvoie dos à dos les talibans, les seigneurs de la guerre, et les Occidentaux, que presque rien ne distingue dans leur cruauté et leur violence.

Une livre d'une extrême beauté, un roman dont le suspense ne faiblit pas, même si la dernière partie, l'errance de Mikal dans le Waziristan, apparaît moins plausible. Au total, une lecture qui en apprend plus sur l'intrication de la foi, de la politique et sur les contradictions internes du Pakistan, que les meilleurs essais ou reportages, la beauté du texte ponctuant le récit comme une respiration paisible au centre de l'horreur.
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