AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Tlivrestarts


Ce livre, autant vous le dire tout de suite, il m'a fait vibrer, voire plus encore... Il faut dire que le roman commence très fort, avec une petite fille de 4 ans en pleurs, elle est seule, elle cherche sa maman.

Dès les premières lignes, je suis émue, et je vais le rester tout au long de ce très beau roman.

Cette petite fille partage sa vie avec sa mère, elle est seule elle aussi ! C'est une femme fantasque, bohème, qui veut rester libre même quand elle n'a pas d'argent, se lasse vite de ses amants. Elle construit sa vie autour de sa fille et chérit ce microcosme familial. Tantôt la mère s'occupe de sa fille, tantôt les rôles sont inversés. La mère est fragile, elle se laisse aller aux plaisirs de la drogue, et contraint sa fille très tôt à assurer leur survie, à toutes les deux. A l'adolescence, la fille demande à rencontrer son père, cet homme qu'elle n'a pas connu, de nouveaux liens s'établissent mais l'amour de sa mère est plus fort que tout jusqu'au moment où... mais là je ne vous raconte pas !
Aure ATIKA nous livre un 1er roman d'une immense sensibilité.

Il y a de très beaux passages sur la solitude que chacune ressent jusque dans son corps :

"L'absence de maman s'impose subitement comme un personnage trop envahissant. Je ne sais comment respirer sous cette vague de solitude. Je n'en veux pas. Je veux me refondre dans ses jupons." P. 9

Alors pour pallier le manque, la fille se ressource dans les livres, ces bons vieux livres :

"Ils m'accueillent, me font voyager, m'accompagnent, je les tiens par la main et c'est bon de les sentir dans la mienne. Ils sont à la fois un refuge et une évasion." P. 103/104

Et puis il y a ces moments de communion quand elles sont toutes les deux, que les yeux se posent tendrement sur l'autre, que leur présence envahit l'espace. La fille se sait alors protégée.

"Les colères étaient pour les autres, pour le cafetier qu'elle avait vu toucher avec son doigt sale le pot de vanille-fraise que j'avais commandé, contre ses amants quand elle en avait marre ou contre l'administration française. Moi, je n'ai eu droit qu'à son sourire et à ses regards aimants." P. 126

Jeune adulte, elle s'offre quelques parenthèses, un peu comme des respirations, loin de cette mère dont l'amour est exigeant. Elle trouve dans la plongée une activité pour se libérer des pressions, de la responsabilité qui l'assaille.

"Sous l'eau, j'évolue dans une autre dimension. Plus légère. Il y a du silence et de l'oubli. [...] J'étire le temps sous l'eau. Parfois je lève la tête. La surface vingt mètres plus haut forme un tapis lumineux, lointain. Là où l'on se doit d'avoir les pieds sur terre." P. 181

Et puis il y aura le retour avec la résurgence de cette complicité naturelle qu'elles auront appris à dompter. Là, les gestes sont affectueux, des gestes qui pourraient paraître anodins mais qui sont en réalité très précieux :

"Je me lève pour débarrasser et, quand je me glisse derrière elle, elle passe sa main dans mon dos. [...] Ce geste marque la reconnaissance de notre place à toutes les deux. Un respect, une distance, un amour." P. 188

J'ai été profondément bouleversée par ce roman.

Il est singulier par la narration à la première personne mais à deux voix, celle de l'enfant et celle de la femme qu'elle est devenue. Cette alternance de temporalité rythmée par un changement de police de caractères vient encore renforcer les liens qui unissent mère et fille, un peu comme une projection en accéléré des événements vécus pendant l'enfance et l'adolescence. Un procédé subtil qui exige une parfaite maîtrise. Aure ATIKA le réussit à merveille.

C'est un ode à sa mère, "tout un poème", écrit par une plume remarquable, celle de Aure ATIKA avec "Mon ciel et ma terre". Magnifique.
Lien : http://tlivrestarts.over-blo..
Commenter  J’apprécie          140



Ont apprécié cette critique (8)voir plus




{* *}