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Critique de Lucie_Ash


Je remercie très chaleureusement Babelio et Alma éditeur pour l'envoi de Nos Conversations célestes.

A quoi est-ce que je me suis attendue en lisant cette 4ème ? Franchement, aucune idée. Et qu'est-ce que j'ai finalement lu ? Eh bien… Aucune idée non plus. Je sais, c'est une manière terrible de commencer une chronique, mais pour être parfaitement honnête avec vous, je suis totalement déboussolée par ce roman !

L'intrigue est pourtant claire : le protagoniste et narrateur, Jacques, part avec Mauricette à la recherche de son collègue professeur d'université, qui ne donne plus de nouvelles depuis 6 semaines. Ils vont donc mener l'enquête, rencontrer des gens susceptibles de les renseigner, faire des haltes dans des bistrots pour faire le point, et même voyager un peu pour en savoir plus. Jacques est un personnage plutôt morne, il a raté sa carrière qui ne le motive pas une seconde, observe le monde autour de lui, débite de longs monologues ponctués d'humour noir et sa mémoire fluctuante en fait un protagoniste dur à suivre. Mauricette, quant à elle, a « un physique très changeant » (ce qui est vrai, la fausse blonde finit rousse, en passant par une peau mate, mais aussi blanche aux veines bleues), et ce n'est pas la seule chose changeante chez elle : son caractère est changeant, sa beauté est changeante, ses sentiments sont changeants. Parfois, elle disparaît juste, et d'autres fois, elle est simplement présente. Finalement, dans ce roman, rien n'est figé. Les photos se modifient, les souvenirs se télescopent, les histoires se mélangent. Les conversations entre les personnages sont parfaitement irréelles (voire irréalistes) et parfois insaisissables ; elles sont « célestes ».

Et le lecteur dans tout ça, où -comment- se situe-t-il ? Est-ce vraiment l'histoire, est-ce vraiment l'intrigue qui importe ? Si je disais que oui, j'oublierais un sacré morceau du roman. Je pense qu'on peut y voir un tas de problématiques, plus ou moins finement (si c'est très finement, peut-être que c'est seulement mon interprétation ou une vue de l'esprit) dissimulées. La question de la religion, déjà, est la plus évidente. Plusieurs fois dans le roman, lors de leurs conversations, les personnages font référence à « l'Auteur ». Au début du livre, on apprend que Mauricette est une grande lectrice de romans, ce qui déplaît légèrement à Jacques qui lit plutôt des essais et publications scientifiques. Mais avec la mission qui leur est confiée, Mauricette se sent de plus en plus l'âme d'une héroïne de littérature et parle régulièrement de « l'Auteur » de leur aventure. Peut-être pouvons-nous voir ici, au lieu d'un regard caméra, une réflexion autour de Dieu. Dieu n'est-il pas l'auteur, pour un personnage comme Ben, qui est Juif ? L'enquête tournera d'ailleurs beaucoup autour de sa confession (sa mezouza, les rabbins…). C'est donc Dieu, comme un auteur de roman, qui déterminerait le destin des Hommes (ses personnages). Mais n'est-ce pas un peu prétentieux aussi, dans un sens ?… « Et je suis Dieu, enfin. » nous confie Jean-Christophe Attias dans ses lignes de suite.

Autre piste de réflexion possible, l'irréalisme du souvenir. Je m'explique : nous savons que les souvenirs que l'on a sont altérés. Par le temps, déjà, mais aussi par nos sentiments, notre appréciation… et parfois ceux des autres. Ainsi, dans mon souvenir, ma professeure de mathématiques au collège a les cheveux gris. Mais je sais pourtant que ce n'était pas le cas à l'époque. Mauricette, donc, peut très bien être blonde et rousse ; Mauricette peut être un souvenir. Comme tout le reste du roman, d'ailleurs. Jacques fait souvent allusion aux changements autour de lui ; souvent, il oublie une partie de sa mémoire immédiate. Parfois, nous avons de quoi reboucher les trous, parfois pas. Si finalement, les trous de mémoire finissent pas avoir une autre raison que celle à laquelle je pense, je me plais à croire aux deux possibilités.

Mais peut-être aussi, simplement, que l'Auteur est Dieu. Et Dieu fait ce qu'il veut, non ?

J'ai cherché en vain sur internet une autre chronique de cet ouvrage, pour avoir un oeil extérieur (chose que je m'interdis en général); je me suis dit que peut-être quelqu'un pourrait me dire ce que j'ai raté dans Nos Conversations célestes, car je suis certaine d'avoir raté des choses. J'ai mes petites idées, bien sûr, mais je ne suis pas très coutumière de ce genre de lectures, en tout cas il y avait longtemps que je ne m'étais pas prêtée au jeu.

Bref, avec un style d'écriture souvent soutenu, jamais familier, Nos Conversations célestes est une curiosité littéraire qui, je pense, est dure à conseiller. Public de niche, peut-être pas, mais en tout cas lecteurs vifs et amoureux de la langue, oui !
Lien : https://folitteraires.wordpr..
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