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Critique de kielosa



Apparemment Xi Jinping, président de la république populaire de Chine depuis mars 2013, commence à suivre le bel exemple d'expansion territoriale de son homologue du Kremlin et il lance tout comme Trump ("America First") son slogan ambitieux "Le rêve chinois" (ou en pinyin : zhongguo meng). Est-ce que ce fameux rêve signifie la mainmise sur Hong Kong, Macao et Taïwan ?

Le rêve de Poutine, en tout cas, est bien connu : restaurer le territoire de la république soviétique et, à cet effet, il a provoqué des incidents aux frontières des 14 pays ayant fait partie de l'URSS, avec la seule exception de la Biélorussie avec laquelle il existe depuis 1999 un traité d'union supranationale et pour la réalisation duquel Alexandre Loukachenko se montre plutôt réticent. Maintenant, avec le coup de piraterie aérienne du patron Belarus, la pression de Moscou sur Minsk risque d'augmenter sérieusement.

À Hong Kong cette année, il n'y a pas eu de commémoration de la répression du mouvement démocratique sur la place Tiananmen du 4 juin 1989. Rigoureusement interdite à cause de la pandémie, bien entendu. Un peu d'hypocrisie peut s'avérer parfois fort utile, n'est-ce pas Carrie Lam, cheffe de l'exécutif hongkongais depuis 2017 et une super fidèle du grand Xi de Pékin.
Donc pas d'affiches avec la célèbre photo de "Tank Man", un démocrate en bras de chemise, devant une colonne de chars sur la Place de la Paix céleste.
Sur l'internet chinois la date du 4 juin étant absolument taboue, des jeunes frondeurs l'ont remplacé par le 35 mai.

Cette trouvaille de jeunes contestataires ne peut évidemment cacher le fait que la situation dans l'ancienne perle britannique d'Orient s'est, pour reprendre l'expression du journal le Monde d'aujourd'hui, 5 juin, "considérablement dégradée".

C'est exactement le thème de l'ouvrage de Au Loong-yu, résident et militant pour la démocratie de Hong Kong, bien que pour des raisons de sécurité il ait récemment choisi la fuite à Londres.
Cet esprit critique est l'auteur du livre important "Chine : un capitalisme bureaucratique : Forces et faiblesses", paru en 2013.

La révolte du titre se réfère au plus large mouvement de protestation et de contestation de l'histoire de l'île, à la suite du projet de loi d'extradition de mars 2019, permettant au pouvoir central de Pékin d'extrader sur le continent chinois des résident-e-s de Hong Kong.

L'ampleur de la révolte a été tel que ce projet de loi a été retiré par Pékin, mais pour combien de temps ? Personnellement, je ne me fais aucune illusion sur la mansuétude du sieur Xi et encore moins des camarades du comité central du parti communiste chinois.

En revanche, je me fais de gros soucis pour une confrontation brutale entre 2 nations de force et potentiel si dissemblables. Hong Kong avec même pas 7,5 millions d'habitants face à ce Goliath nucléaire, souvent obstiné, avec une population, fin 2020, de 1.411.780.000 habitants. L'auteur parle à ce propos du "dragon de Pékin" et de "la poule aux oeufs d'or de Hong Kong".

Au Loong-yu explique dans son ouvrage que le capitalisme bureaucratique chinois ne peut tout simplement pas coexister avec le capitalisme semi-libėral de Hong Kong. Il est vrai que les 2 systèmes sont effectivement trop asymétriques pour pouvoir imaginer une solution harmonieuse. Sur le plan politique, c'est même pire : comment combiner le régime autoritaire chinois avec l'aspiration démocratique d'une majorité des Hongkongais, malgré Madame Lam.

L'ouvrage de Au Loong-yu, qui compte 242 pages, est extrêmement bien documenté et les nombreuses données chiffrées et tableaux réjouiront sûrement les amateurs d'analyses en profondeur.
Les traducteurs, Joachim Blandy et Patrick le Tréhondat, peuvent se vanter d'un travail de qualité.

L'auteur prėcise non sans humour que la colère de Xi Jinping sur Hong Kong n'a rien à voir avec la publication dans l'ïle d'un livre sur une de ses maitresses.
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