Citations sur Un endroit d'où partir, tome 3 : Une lettre et un che.. (6)
Il était exactement comme une corde de guitare : comme une chose infime qui, à sa juste position, bien accordée, participait d'une harmonie qui la dépassait et pouvait produire de la musique.
L'amour impliquait le dialogue, la recherche d'un accord ; il devait être sans cesse réajusté et nourri par des expériences communes, ou personnelles mais partagées. L'amour était lui-même exigeant, difficile, mais gratifiant. Il était en fait très semblable à l'art, si ce n'était que la matière travaillée, en amour, était humaine, vivante, vulnérable, douée de conscience, et qu'il y avait entre elle et vous un attachement réciproque dont il fallait tenir compte. C'était l'art le plus difficile, en somme, et le plus beau. La jouissance et les déceptions, le doute et la joie : tout y était plus fort.
De sa longue vie, Don Isaac Perez Munoz avait retenu une chose : il existe peu de véritables problèmes, et les solutions sont le plus souvent intérieures, et non immédiates, car se changer soi-même prend du temps.
Pouvait-on vivre sans se poser de questions ? D'où venait-on, que faisait-on sur Terre, quels choix fallait-il faire, comment aimer, ne pas souffrir ? Et pourtant, songea Juan, la religion semblait pour certains être justement la disposition inverse : il y avait des gens qui ne se posaient pas de questions, qui semblaient croire qu'ils avaient trouvé en Dieu la réponse définitive à tout et vivaient leur foi non comme un questionnement fécond, mais comme une certitude stérile.
Le premier consistait à voyager, à aller à la rencontre des autres, à suivre leurs enseignements, à lire et à être sans cesse curieux. Le second consistait à s'isoler, à plonger en soi-même, au coeur de ses émotions, à écrire - ou peindre, ou crier, ou danser, marcher, s'asseoir, ne rien faire d'autre parfois que respirer, écouter et fermer les yeux.
Il se rendait compte à présent que l'univers était vaste et qu'il y avait deux moyens de l'explorer.