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Critique de nilebeh



Parisienne que je suis, j'ai évidemment vérifié le lieu de l'action : partie de Lamarck-Caulaincourt, Eve est donc sur la ligne 12 (le vert foncé, diraient les enfants et les touristes), et deux stations avant Concorde, c'est Saint-Lazare. Une gare qui porte le nom d'un miraculé. Eve elle-même, peut-être ?

Le décor est planté : nous sommes à Paris, le personnage central, Eve rend visite à ses parents domiciliés rue Lepic (c'est à Montmartre, près de la station Lamarck) ; elle vit à Arles avec son mari Antoine et ses deux enfants adorables. On découvre Alix son amie d'enfance et aussi qu'elle a traversé des moments de grande dépression ponctués de phases de désintoxication. Eve peint, adore Soulages qu'elle va visiter régulièrement à Baubourg et tente de vivre avec application.

Quand « deux stations avant Concorde » son regard croise celui d'un homme aux yeux étirés, tout son être implose. Il vient de se passer quelque chose qui relève de l'explosion nucléaire. Sa vie entière lue au filtre de cet incident lui devient tout à coup insupportable. Elle raconte l'épisode à Alix, précise que l'individu a dû lui subtiliser son téléphone portable et semble si retournée qu'Alix - apparemment enquêtrice confirmée - géolocalise le portable à...Omotesando, un quartier chic de Tokyo !

Et Alix prend un billet d'avion, réserve un R-B&B pour sa copine. Antoine le mari qu'on sait volage est à Moscou pour son travail (il est « nez »), les enfants sont casés, il n'y a plus qu'à se laisser porter. Jusqu'où ?

Car l'histoire semble donner lieu à d'étranges réminiscences dans la mémoire d'Eve. Sa grand-mère et son grand-père, divorcés, ont chacun refait leur vie au Japon. Quand elle est morte, la grand-mère tant aimée tenait un morceau de journal serré dans sa main, mille fois recopié par Eve, l'artiste qui reproduit les idéogrammes sans les comprendre. Et parvenue à Tokyo, c'est en suivant les indications de ce morceau de papier qu'elle va trouver des réponses au passé, au présent qu'elle ne supporte plus très bien et construire son avenir sur de nouvelles bases.

Il aura fallu le coup de foudre du métro pour que tout bouge dans sa vie.

Roman plein de délicatesse, aux contours et aux nuances aussi déliés et fins qu'une calligraphie japonaise, « Deux stations avant Concorde » est l'itinéraire d'une femme sensible, blessée mais forte et déterminée, en s'appuyant sur le message des anciens - valeur très asiatique - , à reconstruire une vie plus en accord avec ce qu'elle est profondément.

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