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Critique de Ana_Kronik


Donald Richie, américain, avait vécu cinquante ans à Tokyo lorsque ce livre a été publié, en janvier 2000. Avec lui, on pénètre davantage dans la culture japonaise. Ni guide de voyage, ni récit de vie introspectif, il nous relate l'histoire de la ville et nous fait percevoir ce qui fait sa singularité.

Bien sûr, on y trouvera quelques explications sur les moeurs et la mentalité japonaises. Mais la vedette ici c'est bien la ville, en perpétuelle évolution. Car les japonais aiment tout ce qui est nouveau, conservant dans leurs intérieurs une parcelle de traditions - même si le port du kimono se perd, nous dit l'auteur, le japonais moyen est bien moins rigide de moeurs qu'il n'y paraît. On apprend ainsi que Tokyo a développé un business du sexe extrêmement florissant, décomplexé, tout en restant très convenable et bienséant. Les revenus de l'industrie du sexe - dont le quart est assuré par les 3000 'love hôtels' de la capitale - sont comparables au budget de la Défense, .

Tokyo n'a donc aucun style. Tokyo est laide, pire: kitsch. Elle apparaît "dépourvue d'édifices monumentaux destinés à exprimer l'éternité". Son développement semble totalement anarchique, en cela, elle s'oppose à la ville occidentale, européenne en particulier, dont chaque "grand architecte" (Haussmann pour Paris, par exemple) se veut aménager l'espace et concevoir une architecture esthétique, figée, capable de traverser les siècles et de perpétuer sa mémoire.

Tokyo se présente donc comme une juxtaposition de villages où l'on trouve tous les services dont on a besoin, de la banque au bain public. Ce qui explique que la numérotation anarchique pour nous et le dédale labyrinthique des petites rues ne gênent en aucun cas les habitués du lieu. Ne serait-ce point, finalement, un urbanisme idéal, à l'inverse de nos métropoles au centre minutieusement préservé mais désert le soir, et aux banlieues interminables? On peut se le demander. On peut se demander aussi si un urbanisme planifié est souhaitable (cf. l'échec des villes nouvelles d'Ile-de-France). Ou s'il ne vaut pas mieux laisser ces espaces s'organiser eux-mêmes...

On peut aimer ou détester Londres, Madrid, New York... savoir quelle ville convient mieux à un être humain ne peut appeler qu'une réponse individuelle. Tokyo apparaît déconcertante aux étrangers, mais selon Donald Richie, si l'on y séjourne assez longtemps, elle finit par devenir familière, et l'on comprend que son organisation ressemble à celle de nos petites villes.
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