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Critique de 5Arabella


Il s'agit du journal que Babel correspondant de guerre tient pendant la guerre russo-polonaise de 1920. C'est un journal personnel, qui n'est pas destiné à l'époque à la publication. Il est écrit au crayon et fut laissé apparemment en Ukraine, et perdu, il n'a pas été confisqué avec les autres manuscrits pendant la perquisition qui accompagna son arrestation en 1939. le texte a été retrouvé en 1955, après la réhabilitation de l'écrivain, et restitué à sa dernière femme, Antonina Pirojkova, qui pendant des années a effectué un travail sur le texte d'origine, rendu par endroits illisible. Un texte sauvé par hasard du néant.

Le journal débute le 3 juin et prend fin le 15 septembre. A peine un peu plus de trois moins. Il s'agit évidemment des mêmes événements que ceux décrits dans Cavalerie rouge, mais avec une toute autre approche. le texte est plus brut, c'est un vrai journal, dans ce sens que ce qui arrive est noté au jour le jour, en même temps que l'auteur vit les choses, sans recul, et sans le travail littéraire pour transformer la réalité en oeuvre. Quoique le style est étonnant, très fort, mais lapidaire forcement.

Comme le texte n'est pas destiné à la publication, l'auteur y donne son véritable sentiment devant ce qu'il voit et ce qu'il vit. Et la réalité de la guerre qu'il décrit est effroyable, sans aucun embellissement, ce qu'on lui a reproché dans Cavalerie rouge. Babel est ballotté d'un endroit à un autre, d'une escarmouche à une autre, d'un stationnement à un autre, en comprenant à moitié ce qui arrive, les mouvements des armées il doit les suivre en fonction des événements, des batailles perdues ou gagnées, des décisions des états majors. Ce qu'il voit de plus près et ce à quoi il compatit, ce sont les souffrances des populations civiles, qui supportent les dommages des combats et les exactions des vainqueurs successifs, et tout particulièrement les populations juives, très nombreuses à l'époque à cet endroit.

Babel est écartelé, entre son identité de soviétique et de juif (comme incompatibles), entre son scepticisme de plus en plus grand sur les résultats de la Révolution et son adhésion à la même Révolution, par son attirance par les différentes cultures qu'il a pu approcher. Un livre vraiment tragique.

Et bien sûr un document très précieux pour comprendre la très grande oeuvre qu'est Cavalerie Rouge, on reconnaît certains éléments, on voit aussi certaines transformation à partir des faits originaux. Et bien sûr la transformation par l'écriture, même si encore une fois, c'est merveilleusement bien écrit.
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