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Critique de Levant


On ne peut que souscrire à l'intention de rendre hommage à une proche parente qui, armée de sa seule volonté, a dû surmonter pour faire sa vie les difficultés inhérentes à une naissance dans une famille provinciale pauvre et à la condition de femme, dans un contexte que n'aurait pas renié Zola pour ajouter un tome aux Rougon Macquart. Roselyne Bachelot, qu'on ne présente plus, s'est livrée à cet exercice avec sa grand-mère Corentine.

Je la connaissais (par média interposé avec tout ce que cela peut comporter de travestissement de la réalité) franche de parole, usant de la langue de bois avec moins d'éclat que ses homologues masculins de la classe politique, je lui découvre avec cet ouvrage une sensibilité familiale touchante. Avec quelques nuances de lutte féministe, elle aborde la condition d'asservissement de laquelle s'est extirpée sa grand-mère au début du 20ème siècle. Dans le grand combat solitaire qu'a été sa vie, ayant perdu l'amour de sa vie dans la grande boucherie de 14, Roselyne Bachelot nous dresse le panégyrique de cet héroïsme au quotidien, lorsqu'aux difficultés d'une vie misérable il fallait adjoindre la vigilance imposée aux jeunes filles livrées à elles-mêmes dans la jungle machiste qui prévaut depuis que le genre masculin a imposé sa domination.

Emouvant hommage dans lequel on discerne outre l'amour non-dit que Roselyne Bachelot éprouve pour son ascendante, ce grand respect dû aux petites gens qui ont su préserver leur honneur contre vent et marée en dépit des semelles de plomb que leur a fait chausser leur naissance. Lourd handicap originel pour progresser dans la vie et fonder une famille qui aura fait sa fierté à n'en pas douter au terme de sa vie, lorsque Amstrong posait le pied sur la lune. Alors qu'au petit pas pour l'Homme avec la majuscule, il restait, et reste encore, un grand pas à faire pour l'homme avec la minuscule afin de renier une fois pour toute cette supériorité auto proclamée sur sa congénère du sexe pour le coup déclaré faible.
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