Richie

En s'appuyant sur les témoignages des proches de Richard Descoings, la journaliste Raphaëlle Bacqué tire un portrait riche d'enseignements. On cerne un peu mieux la personnalité du patron tout puissant de Sciences-Po, son ambition, ses ambivalences, ses contradictions, ses impulsions, son extravagance, ses excès nocturnes, sa double vie assumée... On est dubitatifs devant l'adoration qu'il suscitait chez les élèves ; adoration dont il se nourrissait telle une rockstar pour combler un irrépressible besoin d'être aimé, pratiquant pour cela le mélange des genres, vie privée et vie publique se confondant parfois de façon audacieuse, notamment sur facebook où il s'épanchait sans retenue. On a envie d'applaudir à la façon que Descoings a eu de transformer le saint des saints de l'élite parisienne en la modernisant : intégration des élèves de ZEP, ouverture à l'international... On se demande quand même comment il fut possible que ce patron à la gestion financière borderline, qui distribuait les primes en claquant des doigts, et dont le management fut quasi autocratique soit resté aussi longtemps à la tête de la rue Saint-Guillaume. L'écriture est agréable, riche d'anecdotes savoureuses, de citations, et le livre se lit comme un polar, mais on peut regretter que l'auteure, sans faire de la psychologie de comptoir, n'ait pas plus fouillé l'enfance de Descoings, pour tenter de comprendre un peu mieux cette personnalité fascinante et insaisissable. On a quand même l'impression de rester en surface…