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Critique de comtesseoboulof


Après avoir vu l'exposition "Exhibitions" l'invention du sauvage au musée du Quai Branly, je me suis précipitée à la librairie acheter ce livre sur Sarah Baartman, la Venus Hottentote. Écrit par un journaliste, Gérard Badou, ce livre a au moins le mérite de mettre en lumière, cette femme callipyge, symbole du racisme ordinaire au XIXème siècle.
Alors que les marins portugais , voguant sur la route des Indes, n'ont fait qu'effleurer la pointe du continent Africain, en 1648, un navire Hollandais, le Neuw Haarlem, s'échoue sur la côte sud-africaine. Obligés d'explorer les terres, ils découvrent un site magnifique. C'est le point de départ de la colonisation hollandaise, qui imposera sa puissance aux ethnies vite décimées par la variole apportée par les blancs et par les soulèvements contre les Boers «  paysans. » Les hottentotes sont contraints à la servitude, sous la gouvernance de ces hommes, avide de nouveaux territoires, et convaincu qu'ils ont reçu de Dieu la mission d'imposer leur domination sur ces populations barbares. La Vénus née en 1789 dans ce contexte. Domestique, elle est remarquée pour ses formes , caractéristiques de sa tribu, (une énorme couche de graisse recouvre ses fesses et ses cuisses jusqu'à former un énorme coussin) et est envoyée au Cap chez un homme qui lui promet richesse et liberté si elle accepte de partir en Angleterre avec lui pour montrer son corps, pour être admirer par les Blancs. Va commencer pour elle, une exhibition dégradante, catalysant toutes les théories raciales de l'époque. Montrée dans une cage, comme une bête sauvage, elle est revêtue d'un vêtement serrée de manière à mouler ses particularités anatomiques. Car la Vénus est dotée également d'une particularité appelé « tablier » développement des petites lèvres de la vulve, détail qui émoustille les esprits scabreux.
Arrivée en France, elle devient l'objet d'études scientifiques, et est classée dans la catégorie des monstres. Usée, par l'alcool, la syphilis, les conditions de vie rudimentaires , elle meurt en 1815. Son corps est donné à la Science, disséqué , on prélève ses organes génitaux et son cerveau. Dès sa mort son crâne servira les thèses sur la sous-négritude, qui classe l'homme noir au plus bas degré de l'échelle humaine. Son squelette est extrait et reconstitué, il accompagnera le moulage de son corps exhibé dans les vitrines des Musées jusqu'en 1994.
A ce jour, elle a été rendue à son peuple et repose à présent dans sa terre natale.
Ce livre lui rend hommage, et renvoie la part d'ombre de notre histoire.
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