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Critique de Franz


Le bon sauvage
Alternant dans son essai l'expérience du terrain, relatée dans son journal de bord et l'étude historique, Antoine de Baecque, historien, critique et enseignant, alors au chômage en 2009, se lance dans le paysage alpin en suivant les balises du GR5, du Léman à la Méditerranée. Son « histoire marchée » compile articles et ouvrages, oeuvrant à mettre en lumière les pionniers oubliés de la randonnée en France à l'exemple de Jean Loiseau (1896-1982), à l'initiative de la création des GR et de la FFRP ou Raoul Blanchard (1877-1965), géographe et alpiniste, créateur d'un institut et d'une revue de géographie alpine. La problématique posée de la stratification historique de la GTA (Grande traversée des Alpes), l'auteur évoque en préambule son départ depuis Paris, ses doutes et ses tergiversations, listant le contenu de son sac à dos de 17 kilos. Arrive le lundi 7 septembre 2009 et le début du raid pédestre, de Saint-Gingolph à La Chapelle-d'Abondance, première étape d'un périple de six cent cinquante kilomètres répartis sur vingt-cinq jours de marche, passant par une trentaine de cols et un dénivelé positif cumulé de trente mille mètres. Toutefois, une des difficultés majeures du périple tient à l'opiniâtreté du marcheur lancé chaque jour et par tous les temps sur le GR 5 avec son manège intransigeant de montées et de descentes, toujours recommencées. Dédaignant la randonnée qu'il assimile au tourisme, l'auteur marche en prenant son temps, dans la solitude et la sauvagerie des paysages. Passeur de cols et non de sommets, Antoine de Baecque a conscience que si la marche est populaire, l'alpinisme est élitiste. Les nombreux Anglais qui pratiquent traditionnellement le GR 5 adoptent volontiers un comportement ethnocentriste, dressant une typologie des paysages traversés et des « indigènes » croisés. L'auteur se met à nu, sans fard ni couronne. le lecteur entrera de plain-pied dans les petites manies d'Antoine de Baecque, des rognures d'ongles conservées soigneusement aux fantasmes exposés ou aux crises de jalousie irrationnelles. A défaut d'apparaître sympathique, il se révèle sincère et tranche quant à l'étalage des lieux communs collant habituellement à ce genre de récit au long cours. Si faire « l'épreuve du chemin » coûte, la « sauvagerie » retrouvée en soi n'a pas de prix. Curieusement, l'évocation historique de l'essai pimentée de quelques pointes triviales pourra constituer une forte incitation à faire la GTA afin d'aller voir si « La vraie vie est ailleurs ».
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