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Critique de elea2020


J'ai apprécié ce court essai écrit par le jeune Honoré de Balzac, avant qu'il ne commence la Comédie humaine, en 1825. L'auteur nous présente les différentes carrières du vol, commençant par les vrais voleurs, par effraction, ou pickpockets de toutes sortes, pour aller crescendo dans ses chapitres, vers le vol de haute catégorie : on y trouvera aussi bien les métiers de la justice que les agents de change, et enfin le vol d'Etat, à savoir les maisons de jeu et la loterie. Les chapitres sont constitués de courts aphorismes, en paragraphes séparés, nous donnant des exemples de faits divers ou personnages importants de l'époque (ou du siècle précédent) - on y croisera Vidocq, par exemple, le bagnard passé de l'autre côté de la Loi... Il nous donne à voir également des exemples de vols perpétrés sous les meilleures apparences de l'honnêteté, dans le grand monde, parfois même sous le nez des rois. Ce sont toujours comme des portraits, ou des situations, qui me rappellent un peu les Caractères de la Bruyère.

Le ton est résolument ironique : Balzac y adopte le point de vue d'un jeune homme en butte au risque de se faire détrousser de ses biens (ou du peu de biens qu'il ait), y compris par des gens apparemment de toute confiance. Moralité : en matière d'argent, on n'est jamais trop prudent, et il joue le jeu de donner de vrais conseils, la plupart du temps tout de même celui de s'abstenir d'essayer les remèdes miracles tant vantés. L'idée maîtresse qui en ressort est que les plus voleurs sont ceux qui ont le système avec eux, plus que les artistes de la cambriole ou de la débrouille. On ne peut, souvent, s'empêcher de faire le parallèle avec notre époque, comme les paragraphes sur la loterie, qui font penser à la Française des Jeux.

Balzac se fait volontiers moraliste, y compris dans ses romans, il est clair qu'il n'aime pas ce qu'est devenu la société "tout-argent" de son époque. Certains propos peuvent paraître connus, rebattus, comme "les fortunes se font et se défont", "on ne gagne jamais au jeu", mais l'ensemble passe encore bien dans la modernité, et ces maximes pourraient, un peu transformées, s'appliquer à la société d'aujourd'hui. En revanche, d'autres exemples découlent soit de la culture classique (grecque et romaine) De Balzac, et j'ai dû prendre le dictionnaire, soit de références devenues totalement obscures (et non trouvables sur internet). Je ne dirais pas que cela m'a vraiment gênée, car plusieurs fois j'ai souri, ri, ou je me suis franchement esclaffée, d'autre fois j'ai médité ses réflexions. C'est une lecture agréable et plutôt facile, peut-être même surprenante.
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