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Critique de HundredDreams



Honoré de Balzac fait partie de ses auteurs que j'affectionnais lorsque, adolescente, je devais lire ces grands auteurs classiques. Je n'ai gardé que peu de souvenirs de ce roman fantastique lu il y a très longtemps et j'ai donc décidé de le redécouvrir en lecture commune.

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« La Peau de Chagrin », publié en 1831, raconte l'histoire d'un jeune homme, Raphaël de Valentin, qui, seul, ruiné, déçu par sa vie, décide de se suicider. Avant de passer à l'acte, il entre dans un mystérieux magasin d'antiquités et découvre par hasard, au milieu d'un véritable bric-à-brac d'objets en tous genres, une peau d'âne sauvage qui a le pouvoir, selon le vieux vendeur à l'air étrange, d'assouvir tous les souhaits de son propriétaire.
Mais malheureusement, il y a une contrepartie à cela : à chaque voeu, la taille de la peau diminue, entraînant le jeune homme vers la vieillesse, la maladie et finalement la mort.

« Si tu me possèdes, tu posséderas tout. Mais ta vie m'appartiendra. Dieu l'a voulu ainsi. Désire, et tes désirs seront accomplis. Mais règle tes souhaits sur ta vie. Elle est là. À chaque vouloir je décroîtrai comme tes jours. Me veux-tu ? »

Cette peau devient pour lui une obsession, une torture qui l'emprisonne dans le carcan de la solitude et de l'angoisse. Elle le prive de rêves et d'espoirs.

« Vouloir nous brûle et Pouvoir nous détruit … »

Comment peut-il vivre, profiter, aimer, être heureux, sans que la peau de chagrin ne rétrécisse et ne le condamne à mourir ?

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Cette histoire nous montre, dans les premiers temps du récit, un jeune homme assez narcissique, cupide et prétentieux. Comment ne pas trouver insipide, ennuyeux, et même affligeant, cet homme seulement attiré par le luxe et les femmes riches et superficielles ?

Il ne conçoit pas l'amour sans la richesse.
Et pourtant, l'amour et le bonheur sont à portée de main, il a tout pour être heureux mais il est comme un papillon de nuit attiré par la lumière. Aveuglé par la beauté chatoyante de la flamme, il est indifférent, aveugle à ses propres sentiments et ceux d'autrui.

« Ne sais-tu pas que nous avons tous la prétention de souffrir beaucoup plus que les autres ? »

Mais au fur à mesure que la peau se rétrécit, il prend conscience de la frivolité de ses désirs et des conséquences sur son existence, de la valeur de la vie et de son inéluctabilité. C'est à ce moment-là que mon regard a un peu évolué et que je me suis prise à avoir de l'empathie pour cet homme jeune qui tente vainement de retarder sa mort, mais qui néanmoins, s'y dirige. C'est effrayant de voir sa déchéance.
L'auteur nous fait entrer dans son esprit et on perce le secret de ses pensées, de ses émotions, de ses sentiments, de ses désirs irréfléchis, de ses peurs.

« La vie simple et mécanique conduit à quelque sagesse insensée en étouffant notre intelligence par le travail ; tandis que la vie passée dans le vide des abstractions ou dans les abîmes du monde moral mène à quelque folle sagesse. En un mot, tuer les sentiments pour vivre vieux, ou mourir jeune en acceptant le martyre des passions, voilà notre arrêt. »

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La peau magique est, d'après moi, une métaphore, celle de l'argent, du pouvoir, de la frivolité, de la vanité, de l'ambition et des femmes belles mais sans coeur. Elle imprègne les pages de peur, de souffrance morale et physique.
Avec ce texte, Honoré de Balzac explore, avec beaucoup d'acuité et de gravité, les thèmes de l'amour et du bonheur, du matérialisme et de la recherche d'une satisfaction immédiate des désirs, de la richesse et de l'ambition, de la crainte de vieillir et de l'acceptation de la mort.

« … l'amour est comme le vent, nous ne savons d'où il vient.

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Ce roman est considéré comme l'un des chefs-d'oeuvre De Balzac. Aimant cet auteur, son style, son regard acéré sur la société de son temps, sa finesse dans l'analyse du comportement humain et sa perspicacité psychologique, je pensais vraiment que ce roman me plairait.

« Depuis la mollesse d'une éponge mouillée jusqu'à la dureté d'une pierre ponce, il y a des nuances infinies. Voilà l'homme. »

L'histoire est intéressante, originale. L'écriture De Balzac est très belle, élégante, doucement ironique, c'est indéniable, mais, malgré tout, je dois bien l'avouer, je me suis plusieurs fois désintéressée du récit : les descriptions trop détaillées, les pensées philosophiques et les digressions interminables m'ont ennuyée. Cela m'a souvent demandé des efforts pour me remettre dans l'ambiance de l'histoire.

« Ton enthousiasme s'est réduit en peau de chagrin. »
Berni_29

Et même si les dernières pages du récit, plus centré sur Raphaël et cette peau magique, ont relancé mon intérêt, ma vision globale du roman a cependant été gâchée par trop de longueurs.

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Balzac est un très grand écrivain français, cela ne fait aucun doute. Cependant, cette histoire n'a pas été à la hauteur de mes attentes. Je m'attendais à un roman fantastique avec plus de mystère autour de cette peau d'onagre, plus d'émotions, mais c'est davantage une analyse psychologique de la nature humaine et de ses défauts.

Bien entendu, ce billet ne reflète que mon point de vue, il n'engage que moi et je vous encourage à vous faire votre propre avis en le lisant. J'espère que les inconditionnels de l'auteur ne m'en voudront pas trop d'être passée à côté de ma lecture. Ça arrive parfois.

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Merci à tous mes amis Babeliotes, ce fut un plaisir de partager avec vous tous nos ressentis et nos émotions sur ce texte. Je suis contente de l'avoir lu, malgré ma petite déception. Sans vous, je l'aurais peut-être piteusement abandonné.
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