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Critique de PhilippeCastellain


C'est un fait que le Balzac des champs est moins connu que le Balzac des villes. On connait ses portraits de jeunes provinciaux naïfs et ambitieux tentant de percer dans la capitale, ses peintures des bas-fonds, parfois ses considérations ironiques sur les notables de petites villes. Mais ‘Le médecin de campagne' est une oeuvre à part par son optimisme sociale, et par la joie de vivre simple et solide qui l'imprègne.

Dans les années 1820 Genestas, un ancien officier de l'armée de Napoléon voyage vers une vallée perdue de Dauphiné. Au chevet d'un crétin des alpes agonisant, il trouve l'homme qu'il est venu chercher. Un simple médecin, mais dont la réputation s'étend bien au-delà de sa commune. Benassis, c'est son nom, accueil le militaire. Au cours de la soirée, il lui raconte comment, en quelques années, il a transformé un trou à misère ravagé par la pauvreté et le manque d'iode en une riante vallée à la population prospère. Les jours suivants, il lui en montre quelques réalisations, et lui fait rencontrer une galerie de personnages hauts en couleurs. Mais le médecin et le militaire cachent chacun un secret…

A travers ses magnifiques descriptions de l'âme humaine et de la nature, Balzac profite de ce roman pour exposer ses opinions sur l'économie et la politique. Pour la première, il s'affiche en partisan résolu du capitalisme, voir du mercantilisme pour certains aspects : importance de l'industrialisation, nécessité d'un commerce dynamique, bonne gestion des ressources naturelles. Il souligne également le rôle capital des infrastructures. Pour le crédit, le problème reste en revanche en suspens : le bon Bénassis fait office de banque d'investissement publique, prête à chacun les capitaux nécessaires pour se mettre à flot, et ses indispensables conseils. Difficile donc de reproduire ce modèle sans un homme providentiel.

Ce qui du reste rejoint se opinions politiques : résolument royaliste et légitimiste ! Pour lui la monarchie est le seul régime politique viable sur le long terme, et le catholicisme le ciment de la société. Autant dire que certains jugeront peut-être qu'elles ont quelque peut vieilli. Et le pire : son analyse sociale éveille de curieux échos ! Selon Balzac, tout le monde ne pouvant être riche et puissant, il est nécessaire de circonscrire le sentiment d'injustice à un petit nombre – l'aristocratie. Sinon, il s'étendra à toute la société, l'affrontement entre le peuple et la bourgeoisie sera inévitable. Les inégalités se reconstituant aussi vite qu'elles disparaissent, une lutte sans fin s'engagerait…

Certain s'étonneront sans doute de ce Balzac ultra-légitimiste, antiparlementaire, résolument paternaliste. Ce serait oublier que Balzac est un écrivain-caméléon, qui s'identifie plus facilement aux personnages qu'il crée que l'inverse.
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