AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de elitiatopia


Critique sur le Réquisitionnaire seul :

J'ai aimé cette nouvelle, qui n'est peut-être pas des plus mémorables chez Balzac, mais qui déploie un vrai charme dans la narration et l'étude de personnages, et qui est accessible. Décidément, cette époque de la Révolution réussit bien à l'auteur, même s'il a un style un peu hors normes pour un romancier historique. Il se soucie de justesse et de vérité historique, mais il suit aussi ses passions, ici la théorie psychologique, voire parapsychologique, selon laquelle deux âmes séparées dans l'espace peuvent communiquer et coïncider l'une avec l'autre.

Ici, nous découvrons une femme noble sous le régime de la Terreur : elle attend son fils, seul être qu'elle ait vraiment aimé, car bien qu'elle ait de nombreux soupirants, cette femme exemplaire en tous points de vue est indifférente aux sentiments des autres. Elle n'a pas été heureuse en mariage, son amour s'est reporté sur son fils, qui a émigré comme beaucoup de nobles au moment de la Révolution. Elle-même est revenue vivre à Carentan, plus discrètement malgré son immense fortune, pour sauvegarder sa situation afin que son fils ait des biens. Elle s'est parfaitement intégrée dans les cercle des notables de la ville, y compris plusieurs bourgeois importants, fonctionnaires du Régime, qui la courtisent. Elle a pris pour habitude de recevoir cette société tous les soirs, mais ce soir-là, on trouve porte close.

Comme nous sommes en province, dans une petite ville, on s'interroge, les commentaires vont bon train : il paraît qu'elle est malade ? Mais c'est bizarre, sa servante a acheté un lièvre au marché... On l'espionne, tant et si bien que ses amis lui demandent d'ouvrir sa maison de nouveau pour qu'elle ne soit pas soupçonnée. Elle qui a reçu une nouvelle de la part de son fils, que va-t-elle faire ? Peut-être le salut viendra-t-il d'un de ces soldats qui arrivent en ville, et viennent chercher un billet de logement chez l'habitant, la réquisition ? En attendant, elle doit faire bonne figure pour ne pas éveiller les soupçons.

C'est un récit qui se lit en un éclair, on est vraiment pris dans l'univers de cette femme, et ce thème de la maternité est heureusement traité par Balzac, qui savait comprendre les femmes et restituer leur sensibilité (je ne dirai pas qu'il était féministe pour autant, car il était plutôt réactionnaire). En peu de pages, nous suivons les émois de cette femme qui attend son fils dans un contexte dangereux, ainsi que les réactions de plusieurs personnages qui gravitent autour d'elle et devinent un peu de ce qui se passe. Tout est posé d'une manière claire et vivante, et les surprises nous attendent. Même si l'illustration de la théorie que démontre Balzac m'a paru un peu tirée par les cheveux, c'est touchant. Un bon moment de lecture, une fois que j'ai pu enfin avoir le temps de m'y plonger.
Commenter  J’apprécie          60



Ont apprécié cette critique (6)voir plus




{* *}