AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de CDemassieux


Les Paysans de Balzac c'est une confrontation entre deux mondes. Il y a ceux d'ici, c'est-à-dire cet ilot de collines vertes du Morvan, et ce général d'Empire, comte de Montcornet, fermement décidé à s'installer dans le domaine des Aigues, dont il a fait l'acquisition, sans accepter de se plier aux règles non écrites qui régissent ce coin de France. Règles avec lesquelles jouent les autochtones, quitte à piller les biens du nouveau propriétaire. L'étranger, s'il ne se soumet pas, prend le risque d'un affrontement plus insidieux que sur un champ de bataille.
Sans empathie pour ces autochtones, forçant la caricature, Balzac brosse un monde paysan et une bourgeoisie locale très éloignés de l'image idyllique qu'on serait spontanément amené à se construire, en réaction à ces « Villes tentaculaires » – Emile Verhaeren dixit. Ces gens-là – pour continuer dans le registre belge ! – sont calculateurs, manipulateurs, voire sans foi ni loi, sinon la leur.
Pour ne pas s'être conformé aux us et coutumes en vigueur, et pour avoir défié les mauvaises personnes, le comte de Montcornet deviendra le jouet d'une conspiration digne des plus grandes machinations politiques.
Ce roman, d'une particulière cruauté, enterre définitivement l'Histoire et sa gloire ensanglantée, incarnée par le général Montcornet, à laquelle se substitue le règne débridé de l'argent, avec un fond de lutte des classes. Balzac, l'homme attaché aux anciens ordres, fait donc un constat amer mais inévitable. Les Paysans est un roman sans grandeur et non moins désenchanté.
Inachevé, sa forme actuelle est due aux soins d'Evelyne Hanska, veuve de l'auteur, qui a ainsi rendu un incontestable hommage à l'immense talent d'écrivain de son mari.

Commenter  J’apprécie          152



Ont apprécié cette critique (6)voir plus




{* *}