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Critique de AMR_La_Pirate


Décider le lire ou relire (cela prendra le temps que cela prendra…) l'intégralité de la Comédie humaine d'Honoré de Balzac me permet de découvrir des textes méconnus et, bien souvent, de véritables pépites.
L'Illustre Gaudissart est un court récit qui met en avant deux types de personnages, le commis voyageur et le fou, et illustre, sur le modèle de l'arroseur arrosé, une petite revanche de la province sur Paris…

Petite parenthèse : voilà qui m'a fait penser aux Physiologies, en vogue dans les années 1830-40. Il s'agissait de fascicules de petit format, illustrés, bon marché. Ces livres de consommation courante étaient tous conçus sur le même patron nominal : Physiologie de X. Ainsi on y trouvait dépeint des types particuliers : la dévote, la vieille fille, la femme adultère, l'épicier, l'étudiant, etc.
Pour celles et ceux que cela intéresse, je conseille la lecture en ligne de Les Français peints par eux-mêmes, Encyclopédie morale du dix-neuvième siècle :
https://www.bmlisieux.com/litterature/bibliogr/curmer01.htm)

« Gaudissart était un homme de trente-huit ans, de taille moyenne, gros et gras, comme un homme habitué à rouler en diligence ; à figure ronde comme une citrouille, colorée, régulière et semblable à ces classiques visages adoptés par les sculpteurs de tous les pays pour les statues de l'Abondance, de la Loi, de la Force, du Commerce, etc. Son ventre protubérant affectait la forme de la poire ; il avait de petites jambes, mais il était agile et nerveux ». La description physique que Balzac fait de son personnage, très visuelle mais caricaturale, n'est pas très attrayante même si Jenny, sa maitresse, s'en accommode. Il faut bien avouer que tout lui réussit et qu'il jouit, à Paris, d'une belle renommée.
Car, grâce à son éloquence, Gaudissart est capable de vendre n'importe quoi, des chapeaux, des assurances, des abonnements à des journaux, des placements financiers, etc…, à n'importe qui. Je reprends les mots De Balzac pour étoffer le portrait du commis-voyageur : « dans sa parole se rencontre à la fois du vitriol et de la glu : de la glu, pour appréhender, entortiller sa victime et se la rendre adhérente ; du vitriol, pour en dissoudre les calculs les plus durs ».
La révolution de 1830 a marqué une évolution dans les activités de Gaudissart ; il a cessé de vendre des objets pour s'atteler à la propagation des idées et des mots, pour ce faire l'homme de la Monarchie du juillet et éclairer le pays même si, en creusant un peu, on se rend compte que son argumentaire, efficace au premier abord, reste très superficiel.

Un jour, ses affaires emmènent Gaudissart à Vouvray, en Touraine, et ses grands airs et son assurance donnent une idée plaisante à un notable local : pourquoi ne pas l'envoyer chez Margaritis, un vieux vigneron devenu fou, dont l'obsession est de vendre des pièces de vin qu'il ne produit plus depuis longtemps.
Le récit prend alors des accents rabelaisiens pour décrire le cadre et moliéresques pour retranscrire le dialogue entre les deux protagonistes : c'est savoureux, pleins de calembours et de quiproquos, tant les réponses du fou s'imbriquent finement dans le boniment du commis voyageur.
La farce va prendre des allures de tragédie mais, fort heureusement, l'aubergiste, un ancien grenadier de la garde impériale, saura calmer le jeu.

Une bonne leçon pour l'illustre Gaudissart ? Sur le moment, sans doute. Sur la durée, j'en doute !

Un texte à connaître et à faire découvrir !

Lien : https://www.facebook.com/pir..
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