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Critique de Kirzy


••• Rentrée littéraire 2020 #2 •••

Ce roman délicat retrace l'itinéraire d'une femme, de l'obscurité à la lumière, après avoir évolué dans un camaïeu de gris puisé dans une palette complète d'émotions. le parcours initiatique de Rose, la quarantaine, botaniste sans enfant, se déroule à Kyoto, sa première fois au Japon, pour y entendre le testament d'un père qu'elle n'a jamais connu.

Le texte de Muriel Barbery est court, comme épuré à l'extrême pour en condenser l'essentiel; les ellipses et les silences y jouent une partition subtile, soulignée par une écriture ciselée et souvent délicieuse, qui roule dans la tête dans un doux chuchotement. On sent tout le soin de l'auteure pour proposer une structure toute aussi nette et pertinente, très affirmée avec ses 12 chapitres, chacun scandé par de petites paraboles japonisantes mettant en scène des fleurs ( les titres sont très beaux, particulièrement « un camélia mouillé de ses larmes » ) comme autant de métaphores de la traversée émotionnelle de Rose sur les traces de son père.

Il faut dire que ce dernier lui a tracé un chemin dans Kyoto : avant de découvrir son testament ainsi que la lettre posthume qu'il lui a laissée, elle doit se rendre dans des lieux choisis par lui, des temples, en fait un chemin vers la résilience au cours duquel elle doit exsuder toute la colère qui est en elle, sa dureté, son chagrin, sa rancoeur. Ses promenades dans les jardins zen du Pavillon d'argent, du Shisen-do ou du Ryoan-ji, dont elle ne perçoit pas le sens au départ, vont progressivement résonner en elle, d'abord des révélations minuscules sur sa personnalité, puis essentielles jusqu'à fouiller dans les confins d'elle-même.

Cette histoire de deuil, d'amour pour dire la naissance d'une femme de quarante ans est très belle et incontestablement touchante, surtout si on est sensible à la culture japonaise et à son esthétisme. Muriel Barbery a un respect immense pour le Japon, pays dans lequel elle a vécu ( notamment en résidence d'artiste à la prestigieuse villa Kujoyama à Kyoto justement ).

Peut-être presque trop de respect. Son roman reste très sage, on devine vite le parcours résilient que va suivre le coeur de Rose sans qu'aucune surprise ne s'y accroche. Il manque à mon goût un peu de folie ou de dissonance comme il peut y en avoir dans la littérature japonaise. Il n'empêche que j'ai refermé ce roman raffiné et doux roman heureuse et apaisée, charmée par la poésie qu'il dégage.
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