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Critique de Alzie


Comme "La Bible et les saints", de la même collection et composé sur un dispositif analogue, "Héros et Dieux de l'antiquité" est un guide iconographique indispensable et précieux pour tous ceux qui, amateurs d'art ou simples curieux, désirent se repérer ou (re)prendre pied dans la mythologie gréco-latine. de très nombreuses oeuvres d'art – peintes évidemment, mais aussi gravées, sculptées, dessinées, modelées, ciselées, moulées, parfois sous forme d'un simple fragment – viennent appuyer (plus qu'illustrer comme s'en expliquent les auteurs en introduction), en noir et blanc ou en couleurs, des narrations connues et le plus souvent oubliées, venues des sources littéraires les plus anciennes (celles dont dérivent les oeuvres modernes) et dont les contenus nous sont rappelés par des notices, aux entrées en ordre alphabétique de noms. Une édition de 1994 qui s' ouvre toujours avec autant de profit, quel que soit le motif, recherche d'une référence littéraire ou muséale, simple plaisir.

Ainsi le va-et-vient permanent entre la notice et l'image est-il de mise à la lecture et rend-il celle-ci aussi féconde qu'évocatrice. Telle vignette, si petite soit-elle dans la marge, vous suggère immédiatement le récit qui vous est proposé en regard. Telle notice, par un renvoi judicieux, vous transporte aussi sûrement vers une oeuvre qui l'illustre. Telle source vous promet une lecture que vous repoussiez jusqu'àlors aux calendes (grecques), tel récit ravive un vieux souvenir enfoui. Un attribut vous donne soudain la clé d'une composition qui vous avait semblé bien hermétique lors d'une visite au musée. On ne peut qu'apprécier les rapprochements opérés par les trois spécialistes de l'ouvrage (Irène Aghion, Claire Barbillon et François Lissarrague). L'exhaustivité n'est pas le but, qui est ici pratique : s'orienter dans l'histoire ancienne et la mythologie telles qu'interprétées par les peintres et les artistes. Mieux voir en somme, donc mieux comprendre pour mieux s' approprier.

La céramique attique constitue un support de choix pour relayer la mythologie (de très belles pièces des collections du Louvre et de la rue Richelieu, mais aussi des musées européens et américains sont montrées) et c'est heureux. Des visions minuscules sont rendues possibles dans ces pages, sur la panse d'une amphore, d'une hydrie, d'un vase (d'une oenochoé pour ce qui concerne "Pélée réfugié dans un arbre", 510 avant J.-C., Metropolitan à NY, (p.227), laissant deviner le geste merveilleux et l'imaginaire du potier ; d'autres surprises sont réservées par la peinture : « Prométhée » de Titien (1549), ou mieux encore ce sommet de Goya, en pleine page : « Saturne dévorant son fils » (1821-1823), les deux oeuvres au Prado de Madrid ; on regarde (p.154), avec une juste émotion, une gravure de Cranach "Hercule et Omphale" (1532), autrefois à Gottingen, détruite en 1945. J'aime la Vénus d'Odilon Redon p.304.

Les notices, parfois courtes ou plus étoffées, puisent aux sources littéraires les plus variées et les plus vivifiantes de la culture antique et de la renaissance pour relater la tradition mythologique ou historique ayant inspiré les représentations (Homère, Hésiode, Sophocle, Euripide, Ovide, Virgile, Plutarque etc.). Elles sont elles aussi peuplées de ces créatures improbables dont on raffole, faunes et satyres, amazones et centaures (RV par exemple p.79 avec un dessin de Daumier : "Centaure enlevant une femme" et "Combat de centaures" de Böcklin,1873, sources : Métamorphoses d'Ovide et Zeuxis, Lucien) nymphes et muses, gracques, grées (vous vous souvenez des grées ?), erinyes/furies et autres harpies qui réjouiront les plus blasés ; combats héroïques et banales trahisons, échos lointains d'amours passionnées et de haines inextinguibles, c'est infernal et c'est ce qui enchante. Rien de tel pour rafraîchir les mémoires un peu émoussées et débrider l'imagination. Invitation à voyager dans le temps et dans les arts. A consommer sans aucune restrictions. A la lettre "F", à côté de celui de Dalou, et du faune Barberini, manque peut-être un faune plus lubrique de Picasso qui est cependant cité.
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