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Critique de kielosa


À en juger par les titres dans ma bibliothèque, je dois avoir un faible pour les héroïnes de guerre. Peut-être parce je n'en ai jamais rencontré personnellement, car né un tout petit peu trop tard. Susan Travers en est une, que j'ai découverte grâce à mon amie, oran/Michèle de Babelio. Peut-être parce que je me pose, lisant des ouvrages de guerre, la même question qu'une autre amie sur ce site, Melpomene125 ou l'auteure Laure Barachin : qu'est-ce que j'aurais fait moi-même à la place ? Une question à laquelle personne ne peut répondre avec certitude. Ce qui est par contre certain, c'est que peu de personnes ont eu le courage de Susan Travers, la seule femme à devenir membre et officier de la Légion étrangère.

Née en 1909, dans une famille dont la devise était "Ni téméraire ni timide" (Nec Temere nec Timide), un père amiral de la flotte britannique et elle- même un garçon manqué. Des signes avant-coureurs d'une destinée peu commune ? Peut-être ! Mais nous sommes encore très loin de la Bataille de Bir Hakeim, dans le désert libyen, du printemps 1942, où notre Susan comme unique femme, combattait sous les ordres du général Koenig, les troupes du "Renard du Désert", le maréchal allemand Erwin Rommel.

Elle avait 12 ans lorsque ses parents déménagèrent à Cannes. Cinq ans plus tard, son père l'envoya dans une 'finishing school' à Florence. Mais la vraie vie commença en 1939, lorsque le courageux Staline envahit la petite Finlande, qu'elle prenait des cours d'infirmières à Poitiers et se porta, en France, volontaire pour prêter secours aux Finlandais réfugiés. Son voyage à Stockholm et Narvik en Norvège signifiait une cassure nette avec sa vie d'avant, faite de loisirs, sorties, tennis (sport dans lequel elle excellait comme semi-professionnelle à côté d'une autre Suzanne...Lenglen), déplacements d'agrément et amourettes sans lendemain. de passage à Londres, elle joint la France Libre du général De Gaulle. En septembre 1940, elle se trouve à bord du même navire que le général, cap sur Dakar, d'où il veut rallier à la France Libre les colonies françaises restées sous contrôle de Vichy. Ensuite, ce sont les grandes pérégrinations : le Cameroun, Brazzaville (devenue capitale de la France Libre), l'Érythrée, le Sinaï, la Palestine, Damas, Beyrouth etc. Entretemps, Susan est devenue le chauffeur du médecin-chef de la Légion étrangère, est tombée follement amoureuse du prince géorgien Dimitri Amilakvari, le beau mais volage capitaine à la Légion, a été blessée lors d'une attaque aérienne et s'est retrouvée à l'hôpital pour une rechute de dysenterie et une hépatite.

En 1941, Susan Travers a décidé de continuer la guerre avec la Légion, qu'elle considère comme sa vraie famille et c'est Amilakvari qui la baptise de son surnom de la Légion : "La Miss". Son coeur est irréversiblement gagné pour la Légion, lorsqu''en plus, elle devient le chauffeur du nouveau chef d'état-major, le colonel Pierre Koenig qui s'éprend d'elle. Et c'est réciproque. Ou comme l'a cité Gérard Bardy : "J'avais rarement été aussi heureuse" et "Où vous irez, j'irai..." Koenig sera le dernier à rejoindre le quartet des maréchaux de France d'après-guerre (sous Mitterrand, à titre posthume en 1984, et après de Lattre de Tassigny, Juin et Leclerc de Hauteclocque).

Pour protéger le canal de Suez, les Britanniques veulent couper la route à Rommel et sont, face à la supériorité des Allemands en nombre et matériels, en position délicate et ce sera la contribution de la Légion et les plans du stratège Koenig qui feront la différence. Place du rendez-vous : un des endroits les plus inhospitaliers du monde, Bir Hakeim (ou puits du sage), situé dans la province orientale de la Libye, la Cyrénaïque. Pour notre Susan a sonné l'heure de la vérité : combien de temps pourra-t-elle tenir dans ce coin sinistre, sans goutte d'eau, seule femme au milieu de ces milliers de légionnaires, se demande l'auteur ? Je ne vais pas répondre à cette interrogation. À vous, lecteurs, de découvrir ces belles pages.

Susan Travers appartient à cette minorité de personnes, qui en dépit des rudes épreuves, a réussi à atteindre le grand âge de 94 ans, ou est-ce justement grâce à ces épreuves ? Elle est morte en décembre 2003, 33 ans après son maréchal préféré. Après la guerre, elle est devenue adjudant-chef dans la Légion et a épousé l'adjudant-chef Nicolas Schlegelmilch. Elle a dû avoir une grosse armoire pour ranger toutes ses médailles et distinctions.

C'est un autre légionnaire et ancien Premier ministre, Pierre Messmer, qui a mis l'auteur sur la piste de Susan Travers. Pour cela il s'est basé sur son autobiographie "Tant que dure le jour" de 2000. Comme son héroïne, Gérard Bardy s'est merveilleusement acquitté de sa mission en écrivant un ouvrage clair et agréable à lire. Je laisse, toutefois, le dernier mot à Pierre Messmer, qui en incitant l'auteur à publier ce livre, ajouta l'oeil malicieux en se remémorant 'La Miss' : "Une femme qui en avait !"


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