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Critique de Aufildeslivres


En 1978, à 32 ans, Francisco Barendson, décède accidentellement dans la chambre d'un hôtel argentin. Sa fille Samantha, alors âgée de deux ans, grandira sans vraiment se soucier de l'absent dont elle ne garde aucun souvenir. Ce sont les décès de ses grands-parents, la quarantaine, une alerte à sa santé, qui vont susciter un besoin viscéral de découvrir cet absent, de l'identifier. de tracer le chemin effacé du parcours.
« Comme si la maison était vide, désormais, et l'accès au grenier possible, je découvre qu'il est habité d'un deuil en attente. L'écho d'un chagrin ancien envahit tout. Leur absence réveille une peine que je croyais endormie. »
Samantha cherche à combler le vide – l'absence de souvenirs l'obsède. Ressent le manque. La douleur. Veut comprendre. Cherche un ancrage, une histoire.
« Ma vie est faite d'objets perdus. D'exils en déménagements, de pays en continents, mon arbre généalogique se tisse et se détisse au gré des morts et des vivants. Nos malles se vident et se remplissent d'objets qui se perdent, s'égarent, détruits ou remplacés par d'autres objets qui leur succèdent et symbolisent des instants que nous voulions inoubliables. »
Commence une enquête – véritable quête identitaire. Avant qu'il ne soit trop tard. Minutieuse, irrépressible, de Buenos Aires à Paris. Tous sont entendus, les grands-mères, les tantes, la mère, les amis. Les photos sont épluchées. Les missives lues et relues. La voix même de l'absent, enregistrée sur une vieille cassette, écoutée en boucle. Les indices s'accumulent, dessinant un portrait. Ils révèlent petit à petit. Jours après jours. Jusqu'au secret. Celui qui se tait. Celui qui se cache. Samantha découvre un homme, en mesure les qualités, les défauts. Un homme, rien qu'un homme. Elle s'essaie à l'hypnose, y renonce. Tout est bon pour retrouver la mémoire.
« La brève histoire de la courte vie de mon père réside entre les mots. Je devine les non-dits, j'imagine l'heure, l'endroit, le lieu, le temps et je l'imagine lui, absent toujours. Mon père est un silence. »
L'auteur est poète. Sa plume nous l'indique : le rythme, l'alternance de brefs énoncés et de longues envolées. Comme des sourires suivis de chagrins. C'est intime. Emouvant. Authentique. Une enquête qui interpelle : Comment se construit-on lorsque des « riens », des vides occupent les souvenirs ? Une anamnèse sans histoire.
Le pari de ce livre était risqué. le sujet commun. Pourtant, il surprend. L'écriture est habile, originale. Tient en haleine. Un premier roman qui mérite que l'on s'y intéresse.



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