AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de motspourmots


Trois récits, trois points de vue pour une interrogation universelle : quelle est notre place dans l'univers ? C'est en tout cas comme ça que j'interprète ce recueil par l'intermédiaire duquel Julian Barnes s'attache à trouver un sens, par l'élévation de la pensée, à ce qui n'en a pas. La vie, la mort. En l'occurrence, ici celle de sa femme, sa compagne pendant trente ans, décédée en 2008 après une maladie à la progression fulgurante.

Le premier récit, le péché d'élévation, nous entraîne à la suite des pionniers aéronautes et surtout de Nadar, qui eut le premier l'idée de la photographie aérienne et l'expérimenta lors de nombreux vols en ballons. L'humour de Julian Barnes est ici au service de personnages iconoclastes, passionnés, enthousiastes et déterminés à accomplir le rêve de chaque pauvre créature terrestre : s'élever et regarder le monde d'en haut. le second récit, A hauteur d'homme met l'accent sur ce qui est pour certains l'un des moyens de s'élever : l'amour. L'histoire très amusante des amours entre Sarah Bernhardt (qui fut d'ailleurs photographiée par Nadar, rien n'est innocent ici) et Fred Burnaby, un militaire anglais également féru d'aéronefs sert de prétexte à l'auteur pour quelques réflexions sur ce qui pousse l'humain à rechercher l'amour alors que "chaque histoire d'amour est une histoire de chagrin potentielle. Sinon sur le moment, alors plus tard". Ce qui nous amène au troisième récit, certainement celui pour lequel ce recueil a été construit, La perte de profondeur. Ou la sensation de s'écraser au sol lorsque l'amour qui nous avait permis l'élévation nous est brusquement retiré. Outre le difficile travail de deuil, Julian Barnes interroge sur le chagrin, la solitude, l'impossible perception par autrui - fut-il proche - du terrible manque de l'être avec lequel on partageait une sorte de bulle plus légère que l'air qui permettait l'élévation.

Avec ces trois textes, l'auteur offre une réflexion à la fois profonde et émouvante, mais toujours teintée de la pointe d'ironie qui est sa marque de fabrique. Ecrit en 2012, soit quatre ans après le décès de son épouse, il contient tous les ingrédients qui ont contribué au cheminement de la pensée de l'homme devenu subitement veuf et contraint de poursuivre seul.

Bien plus qu'un témoignage, une offrande précieuse.

"Vous réunissez deux êtres qui n'ont encore jamais été mis ensemble.(...) parfois cela marche et quelque chose de nouveau est créé, et le monde est changé. Puis, à un moment ou un autre, tôt ou tard, pour telle ou telle raison, l'un des deux est emporté. Et ce qui est retiré est plus grand que la somme de ce qui était réuni."
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
Commenter  J’apprécie          132



Ont apprécié cette critique (9)voir plus




{* *}