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Critique de Eric76


« Il parcourt le monde, il amasse des thèmes qui devaient d'autant plus le frapper qu'il appartenait à une race immobile. »
Dans les années 20, Maurice Barrès publie le journal de son grand-père, Jean -Baptiste Auguste Barrès, qui retrace sa vie de soldat, puis d'officier au mérite dans la Grande Armée.
C'est l'histoire d'un jeune homme qui s'engage davantage par défi que par désir. Un jeune homme que la Révolution arrache à la petite ville où les siens vivaient depuis des siècles. Ce paysan, attaché à sa terre, cet homme immobile, va marcher l'arme au poing jusqu'à « l'extrémité du monde civilisé ». Ce sont des hommes de cette trempe qui ont fait de l'aventure napoléonienne cette sublime et cruelle parenthèse. Pour lui et ses congénères, l'Empereur est une sorte de Dieu vivant, un Dieu Olympien et étrangement familier qu'on vénère malgré les souffrances endurées en son nom. Lors du retour de Napoléon de l'ile d'Elbe, Jean-Baptiste Auguste Barrès ne se posera aucune question. Il se mettra, comme s'il s'agissait d'une évidence, au service de son Empereur jusqu'au désastre final. Mais ce rêve déchu valait peut-être encore mieux que de supporter toutes les humiliations de la terreur blanche et la morgue imbécile des monarchistes revenus d'exil.
Très vite, par la force des circonstances, Jean-Baptiste Auguste Barrès se transforme en guerrier, dur à la peine, au coeur endurci, et à l'instinct poussé de survie. de temps à autre, au fil de ses marches interminables à travers l'Europe, il retrouve son âme d'enfant quand il voit pour la première fois la mer, des palmiers, où quand son régiment se fait charger par des boeufs sauvages.
Sa guerre ! c'est une guerre au ras des pâquerettes ; il avance, il recule, il se dissimule dans les ténèbres, il charge baïonnette au fusil, sans rien comprendre, ni trop savoir si son armée connaît la victoire ou la défaite…
Le style est plat, parfois morne, mais c'est, je crois, cette platitude qui nous fait mieux comprendre les trois obsessions du soldat : survivre, manger, dormir…
Au lendemain de la bataille d'Eylau, Jean-Baptiste Auguste Barrès, couvert de boue et de sang, exténué, affamé, raconte avec des mots simples ce moment d'extrême abandon où il regrette de se trouver parmi les vivants plutôt que parmi les cadavres. Un épisode poignant qui vaut bien toutes les envolées lyriques et les fulgurances de nos grands écrivains quand ils racontent leur guerre…

Challenge XIXème siècle 2016
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