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Critique de visages


Cet ouvrage n'est pas un roman, je l'identifie comme un relais de mémoire en hommage aux républicains espagnols mais aussi à tous les exilés du monde. Car dans l'exil forcé, il ne peut y avoir de hiérarchie moralisatrice! " qu'il soit politique ou économique, chaque exil est noble. Il n'est pas plus illégitime de fuir la misère que fuir la répression "
Relais parce que ce bâton de mémoire passe entre plusieurs mains:
Josep Bartoli "soldat vaincu mais magnifique " qui à l'issue tragique d'une lutte internationale contre La Bête immonde,se retrouve parmi le demi- million de personnes qui partent l'âme en peine dans un exode vers la France, même s'ils espèrent un accueil français bien différent de ce qu'ils trouveront!
Josep, qui une fois passé la frontière le 14/02/39 atterrit au camps de Barcares,est hospitalisé suite au typhus,s'évade pour être repris et transféré au camps de Bram,s'enfuit à nouveau et travaille un temps aux folies bergères et au moulin rouge,puis quitte Paris occupé, échappe de peu à Dachau et réussit après maintes péripéties à rejoindre le Mexique. Fondateur du syndicat des dessinateur affilié à l'union générale des travailleurs il ne sera jamais un vaincu dans son esprit et va utiliser son crayon comme arme de résistance. Il témoigne de l'infamie en dessinant. Utilise la caricature pour mettre en exergue l'injustice,la cruauté. Joue des contrastes pour dénoncer l'indicible.
Ses dessins n'ont pas pour fonction l'esthétique mais la nécessité de témoigner et transmettre. Peut-on parler de beauté devant le Guernica de Picasso? L'oeuvre de Josep s'inscrit dans cette lignée.
Le second à attraper ce bâton pour relayer l'infamie et rendre dignité à ceux qui dont désignés comme " vaincus" avec tout l'impact que cla aura pour eux mais aussi pour le peuple espagnol, est Georges Bartoli. le neveu de Josep. Il a vécu le traumatisme de l'exil à travers les blessures familiales. Admiratif de son oncle mais aussi de son père, son grand père, tous des "anars ou cocos" ,il porte naturellement le désir de résister pour la liberté et la justice. Il devient reporter photographe et dénonce la souffrance des exilés des drames passés mais aussi présents.
Il découvre tardivement les carnets de Josep et souhaite qu'ils ne restent pas lettre morte. Ses carnets témoignent de l'exil, des humiliations et souffrances des camps mais aussi des déportations en Afrique du Nord dans les colonies françaises avec les tortures,les assassinats, le travail forcé.
Enfin,la troisième à s'inscrire dans ce Relais pour la dignité est Laurence Garcia,journaliste. Elle va mêler dessins,photos et paroles pour que la mémoire subsiste et se transmette.
Que ne soit oublié ni la bravoure des milliers de combattants pour la liberté, ni la trahison des gouvernements européens, ni l'horreur.
Bâillonner la parole révèle une fragilité, celle de de craindre qu'en la libérant l'ordre du monde pourrait être différent. Alors, merci à tous les Josep,Georges et Laurence qui, par leurs actes transmettent aussi l'espoir!
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