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Critique de Bill


Bill
02 septembre 2018
Tout avait pourtant bien commencé …

Dès les premières pages ce roman me plaisait beaucoup !

Un style rapide, des phrases courtes donnent une sensation de rapidité, une écriture quasi cinématographique ...

La généalogie du héros donnée dans le premier chapitre donnait envie : un grand père polonais, Gregor Reijik, qui échappait miraculeusement à des rafles, traversait l'Europe entière se jouant de massacres, se faisant même passer pour mort avant de se retrouver à Marseille puis à Carmaux, à travailler dans les mines de charbon. Là, il rencontra Angelina, jeune italienne fille de mineurs, l'épousa et partit finalement s'installer à Verfeil en banlieue toulousaine où naquit en 1951 leur fils Marius.

Le second chapitre permettait de découvrir le héros du roman : Simon, fils de Marius, petit-fils de Gregor. Simon qui a depuis longtemps quitté Verfeil sans jamais y revenir, est restaurateur de réputation numérique, métier dont on ne saura pas grand-chose mais qui permettra d'introduire le chapitre sur la mère de Simon, en fin d'ouvrage…

Simon s'est marié avec Laura, rencontrée à l'occasion d'un chaton perdu, il semble heureux mais est cependant un grand très amateur de pilules de toutes sortes qu'il fait passer avec des lampées d'alcool, aides chimiques pour se détendre, pour supporter les petits cailloux de la vie …

Un vendredi soir, Sarah, une inconnue l'appelle. Au beau milieu du week-end normand chez des amis de Laura, il décide de répondre à la demande de Sarah et prend un – enfin plusieurs trains - pour le sud-ouest où il ira affronter ce passé qu'il fuit depuis 20 ans.

Un peintre à la recherche d'un sujet devient son compagnon de voyage, alors qu'il continue de gober ses assortiments de comprimés …

Mon plaisir de lecture a commencé à se gâter quand j'ai senti arriver les causes de l'addiction de Simon, son refus de revenir, ce drame qui marqua son adolescence … En fin de récit, les retrouvailles avec le peintre du train, et l'explication du titre de ce roman.



Ce que j'ai apprécié dans ce roman, ce sont des tournures de style elliptiques et efficaces, telles que :

- « … crevettes et coquillages côtoyaient leur fin imminente ; un énorme bol de mayonnaise » p 38

- « Les morts à Verfeil ont la belle vue. Les âmes s'y offrent même le luxe de bronzer » p 84

- « … gamins ébouriffés, riant à pleine gorge, de nos dents poinçonnées de bagues. » p 144

- « C'est que nous sommes gascons, ici, une cabane se fait appeler résidence secondaire »p 151

- Notre différence d'âge nous séparait plus sûrement que les cloisons de nos chambres. J'avais grandi sans lui. Il ne s'intéressa jamais à moi » p 166

- « le deuil, ce sont des boîtes de conserve dans le cagibi et du pain de mie congelé. » p 168

- « Rien n'est définitif. Pas même l'amour que les parents sont censés porter à leurs enfants. » p 171

- « Tu sais ce qui m'attriste le plus ? de ne pas savoir quel homme mon fils serait devenu. » p 211

- « L'été est épais, les températures insoutenables. Même le vent paraît à bout de souffle. » p220



Ce qui m'a le plus gênée dans ce roman, ce sont les imprécisions géographiques. J'ai la chance d'habiter la région toulousaine et de connaître le village de Verfeil …

Lorsqu'un auteur choisit de localiser son roman dans une région précise, en insistant sur ses caractéristiques géographiques …elles doivent non seulement être précises, mais exactes !

Verfeil n'est pas en Gascogne, mais dans le Lauragais : la quatrième de couverture donne Simon gascon et son attachement à la Gascogne est mentionné en p 151. La Gascogne se situe à l'ouest de la Garonne – le fleuve sert de frontière naturelle à cette province (cf., entre autres, l'article de Wikipedia à ce sujet), et Verfeil est à l'est de Toulouse, à l'est de la Garonne donc !

Une autre aberration concerne le vent d'Autan. Ce vent typique du sud-ouest est provoqué par l'afflux de masses d'air méditerranéennes qui s'engouffrent dans le goulet d'étranglement entre Pyrénées et Massif Central. L'Autan souffle indifféremment en toutes saisons et peut dépasser 100 km/h aux alentours de la ville de Castres puis perd de sa vigueur au fur où à mesure qu'il s'en éloigne. Il peut rendre fou ! Or en page 140, Marius dit à Simon « L'autan est en retard cette année ». Cela est impossible. Plus loin l'auteur précise que « l'autan, le vent qui rend fou, petit frère du sirocco, nait dans l'Atlas algérien ». Là, seule la première partie de la phrase est exacte ! Il existe bien un vent qui nous apporte le sable rouge du Sahara, mais ce n'est pas le vent d'Autan !



Bref ce roman m'a déçue. J'ai trouvé que le niveau des 100 premières pages n'a pas tenu la distance, malgré le style mais il y a trop d'imprécisions et de maladresses narratives qui se sont placées entre l'histoire et moi pour que j'aie pu l'apprécier vraiment.



Merci à la Fondation Orange (Lecteurs.com) et aux éditions Grasset de m'avoir permis de lire ce livre dans le cadre des Explorateurs de la rentrée littéraire 2018
Lien : http://les.lectures.de.bill...
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