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Critique de maripole


« Au-delà de la ‘crise des migrants' : décentrer le regard ». Ce qui m'a attiré dans le titre de cet ouvrage est bien le concept de décentrement du regard sur un sujet controversé. 8 contributions, servies par 7 contributeurs, mettent en valeur le décentrement du regard sur les migrations. Une introduction et une conclusion résument bien les articles qui traitent de l'Europe et des migrations vers d'autres destinations. Elles sont principalement l'oeuvre de Cris Beauchemin, chercheur spécialisé, dont une biographie courte est à lire sur ce site : http://www.babelio.com/auteur/Cris-Beauchemin/403539 .
L'Europe a ré-découvert ‘la crise des migrants' en 2015 avec les files sans fin de réfugiés et/ou migrants qui ont traversé l'Europe et nos écrans, souvent à pied, depuis la Grèce jusqu'en Allemagne.
Depuis l'époque des ‘boat-peopl'e au début des années 1970, mais avant la fin des '30 Glorieuses', l'Europe semble vite oublier les épisodes des ‘panteras' qui échouent aux Canaries ou en mer, les bateaux d'Albanais d'autrefois, et surtout le flot continu au départ de la Libye, puis plus récemment les très nombreuses personnes qui fuient le chaos en Somalie, Érythrée, Afghanistan, Irak et Syrie. Mais l'Europe n'est pas près d'oublier l'été de 2015 et l'arrivée d'un million de personnes en Allemagne. Cela nous a marqué.
Dans ce contexte, certains en Europe veulent suivre l'exemple de la frontière entre le Mexique et les États-Unis. le durcissement des obstacles n'a pas eu l'effet dissuasif espéré, mais cela n'empêche pas les populistes de promettre une frontière toujours plus étanche. Les murs n'agissent pas sur les motifs de départ. Ils aggravent le sort des migrants qui doivent passer entre les mains des mafias, qui prennent de risques terribles et, une fois passés de l'autre côté, ne peuvent plus retourner au pays d'origine sans risquer de ne plus retrouver leur nouveau pays d'accueil.
Le livre démontre avec des faits historiques, et une perspective plus sereine, que les craintes ‘d'invasion' ne sont pas fondées par rapport aux capacités d'accueil de nos sociétés à présent et à d'autres moments de l'histoire. Les différents articles nous apprennent que l'Europe n'est pas d'ailleurs la destination unique pour les migrants des différentes zones de conflit ou de misère au monde. L'Europe connaît des arrivées importantes, mais il faut souligner que des européens quittent aussi le continent, depuis toujours, et des migrants d'antan retournent parfois s'installer dans leurs pays d'origine.
L'apport de ce texte est qu'il décentre donc notre regard par rapport aux idées reçues, aux préjugés et le focalise sur les faits, la réalité historique et géographique. Il nous fournit ‘des clés de compréhension de la ‘crise des migrants' actuelle en prenant de la distance par rapport aux représentations communes du phénomène.' Il aide à ‘dépasser les discours sensationnalistes qui fondent les peurs de l'invasion et les fantasmes de repli sur soi..'
Le décentrement se présente sur 3 plans ; statistique, historique et géographique. Les chiffres nous rappellent que nous sommes plus de 500 millions en Europe de l'ouest et que les flux récents ne vont pas nous submerger. Nous avons connu des mouvements importants de déplacés dans l'histoire. Nous y avons fait face et les nouveaux venus ont toujours contribué à la croissance et la prospérité. L'illusion ‘du jamais vu' ne résiste pas aux rappels de ce que nous avons connu par le passé et que d'autres pays et régions ont vécu. Les réfugies et migrants touchent bien d'autres régions telles le Maroc, le Moyen Orient et même le Mexique qui accueille des réfugiés de l'Amérique Centrale. L'Afrique subsaharienne en particulier nous interpelle. L'examen empirique ‘démontre qu'il faut adopter une vision multilatérale des migrations qui ne se contente pas de scruter les départs, mais qui s'intéresse aussi à la non-migration et aux retours'.
Grande contribution à un débat informé et, surtout, qui se veut informé.
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