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Critique de magalette


Roman, c'est ce que dit la couverture. Peut-être pour la simple et bonne raison que l'auteur voulait prendre de la distance entre sa vie et son quotidien de médecin généraliste ?
Le personnage n'est pas Baptiste, c'est Jean. Il ressemble pourtant comme deux gouttes d'eau à Baptiste, jeune médecin généraliste homosexuel découvrant le relationnel « je t'aime-moi non plus » avec des patients d'horizons et de vécus différents et surnageant dans les méandres bourbeux du système médical français qui ploie sous la charge de travail.
Le « roman » s'ouvre sur le constat que depuis la fin de son internat et du décès d'un petit garçon pour lequel il n'a rien pu faire, Jean ne peut plus pleurer malgré sa fréquentation permanente du puits insondable des affres et douleurs de l'Humanité réunie tous les jours dans son cabinet. Ce constat sera le point de départ d'une succession d'anecdotes de consultations médicales et d'histoires de patients qui vont permettre à Jean de cerner les origines de son mal et son impossibilité à guérir.
Je ne connaissais ni l'auteur ni le médecin qui prend le micro sur France Inter et poste sur Instagram. J'y ai découvert quelqu'un de fort sympathique, empathe et maniant avec tact l'humour. On sourit, on est touché par des histoires qui font écho aux nôtres, on partage ses colères contre l'inaptitude et l'absence de déontologie de certains, on s'offusque des jugements tout faits dénoncés.
On est bien obligé d'avouer que la société est telle qu'il la décrit vue du pas de la porte de son cabinet : arrogante et mesquine, sauvage et violente, machiste et dominatrice. Bref, comme dans tout cabinet médical, les humeurs à purger ne sentent pas très bons. C'est toutefois un moyen de se poser face à ce constat, d'y réfléchir deux secondes, de se mettre dans les pompes d'un jeune homo massacré pour avoir tenu la main de son copain, d'une femme au corps meurtri et aux lèvres scellées, d'un jeune médecin débordé en questionnement perpétuel sur sa pratique et seul, absolument seul pour y trouver ses réponses. C'est il est vrai peut-être un peu répétitif et cela écorne là aussi encore la charte déontologique des soignants... mais il est bien écrit « roman » sous-entendu « toutes ressemblances avec la vie d'une personne ayant existé est purement fortuite », non ??! Je suis sûre que ce « roman » a au moins le grand mérite de donner à voir l'état moribond du milieu de la santé aujourd'hui. Patients et médecins sont sur la corde raide à jouer les funambules devant des pantins politiques qui applaudissent aux numéros d'équilibristes des uns qui essaient de ne pas crever de leurs cancers non diagnostiqués et des autres qui jonglent entre stéthoscopes, anti-dépresseurs et burn-out. Et tout cela avec un trait d'humanité (c'est quand même un peu rare de nos jours et ça mérite d'être salué) et sans noyer le lecteur dans un discours accusateur plein de fiel. Moi je dis, ça valait les vingt euros non remboursés par la Sécu !
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