AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Tachan


J'aime beaucoup les éditions Rue de Sèvres. Il y a dans leur catalogue, parmi ce que j'ai pu lire, une veine féministe, une veine grands témoignages, mais aussi une veine aventure humaine et tranche de vie qui me plaît énormément. On est dans celle-ci avec Himawari House, l'histoire d'une coloc au Japon entre des Japonais et non Japonais.

Ce joli pavé de près de 400 pages tout en noir et blanc, aux chapitres courts, est la première BD en solo d'Harmony Becker et clairement j'ai eu le sentiment d'en avoir pour mon argent, au petit prix de 20€. L'éditeur compense bien l'épaisseur de l'histoire par un papier lise qui a pile la bonne finesse et texture pour rendre à merveille les niveaux de noirs de dessins. Une très chouette édition.

Dans Himawari House, j'ai vraiment eu le sentiment de suivre un groupe d'amis, une famille de coeur, qui m'a percutée en plein coeur grâce à leur simplicité et familiarité puisque ce sont des jeunes qui connaissent des problèmes que nous-mêmes pouvons raconter par rapport à notre famille, nos origines, nos envies de nous émanciper de nos parents, la difficulté à trouver sa voie ou nos maladresses amoureuses. Ce sont des gens comme vous et moi et ce fut là la riche idée de cette histoire, ça et la peinture de cette coloc.

L'autrice prend le temps de nous faire découvrir chacun d'entre eux avec un joli focus sur les trois filles de la coloc : Nao (une Nippo-américaine), Hyejung (une Coréenne) et Tina (une Singapourienne), les garçons tout deux japonais n'étant là qu'en font, pour suivre les aventures de ces jeunes filles venue au Japon pour étudier et se trouver. Nous avons ici une histoire chorale sur fond de quête d'identité, de culture et de désir d'émancipation pour des filles qui ont chacune quelque chose à redire sur leurs origines et leur rapport avec leurs parents. En rendant ses héroïnes proches du lecteur, l'autrice nous fait participer à leur quête. On a envie de les soutenir, les accompagner, les voir grandir et se trouver.

Il y a une jolie émotion dans l'ensemble du titre. J'ai eu un peu peur dans un premier temps de me retrouver face à quelque chose de froid à cause du noir et blanc très marqué mais aussi du trait très numérique de l'autrice. Mes préjugés ont vite été balayés et j'ai aimé que l'autrice donne une vraie teinte et identité asiatique à ses héroïnes. Chacune vient d'un pays différent et est différente dans son allure, ses habitudes, ses traits de caractère. Elles ont chacune leurs problématiques. Aucun n'est préférée à l'autre, sauf peut-être Nao avec qui on ouvre et referme ce tome, mais personnellement au fil des chapitres je les ai toutes mises à égalité.

Leurs questionnements sont des sujets qui leur sont propre. J'ai été touchée par Nao qui cherche sa place entre son identité japonaise et son identité américaine, les deux lui semblant incompatibles au début, mais elle découvrira qu'elle peut faire cohabiter les deux. Tina a cherché à exister seule, elle qui vient d'une famille nombreuse. Hyejung a quitté la Corée contre l'avis de ses parents après une déception sentimentale pour trouver sa voie, elle à qui ses études ne convenaient plus. Elles sont toutes touchantes, isolément mais surtout en groupe.

Ce titre est en effet une histoire chorale et cela se traduit par une mise en scène très "familiale" où l'on suit avec bonheur cette famille de coeur qui se crée au sein de cette belle coloc. Il y a ici beaucoup de tendresse, de l'humour aussi et un soutien perpétuel des uns envers les autres. Les filles dégagent une belle énergie de cops' ensemble et on se plaît à les suivre dans et hors de la coloc, à la maison et à la découverte de ce Japon où elles se sont installées entre festival, temple, environs, bord de mer, etc. C'est très convivial en mode : "on va découvrir la vie ensemble et grandir".

Dans les petits moins cependant, j'ai trouvé chacune d'elle un peu archétypée par rapport à son origine culturelle. du côté des dessins, les décors sont un peu trop absents la plupart du temps là où ils auraient pu souligner cette découverte culturelle du Japon également. Les garçons manquent un peu de consistance, notamment Shin, qu'on ne voit qu'en passant alors qu'il a ce côté adulte calme et mature qui apaise. Dommage. Masaki, lui, m'a amusé avec son caractère fort maladroit, j'aurais donc aimé le voir participer un peu plus. Enfin, le final fut très abrupt et m'a vraiment laissé sur ma faim. SPOILERS : Oui, je savais que Nao devrait repartir mais pourquoi laisser croire à l'heure d'internet qu'elle allait couper les ponts avec tous et juste s'en rappeler comme de doux souvenirs alors qu'il y avait moyen de garder le contact et/ou de revenir... Je ne suis pas fan, il manque des pages pour moi.

Séduite par cette belle expérience humaine, j'ai savouré Himawari House comme on savoure les épisodes d'une série estivale sur fond d'amitié. C'est doux, tendre et chaleureux, avec de jolies thématiques identitaires et culturelles. J'ai aimé voir ces femmes se rencontrer, vivre en coloc et grandir ensemble, affrontant certaines de leurs peurs. J'ai été charmée par l'ambiance et la teinte donnée à l'ensemble par l'autrice. Seul le final trop abrupt m'a laissé sur ma faim avec un peu d'incompréhension. J'espère retrouver l'autrice dans le futur et pourquoi pas en couleur cette fois car son travail dégage vraiment quelque chose (cf son Portfolio en ligne)
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
Commenter  J’apprécie          100



Ont apprécié cette critique (10)voir plus




{* *}