AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Presence


Ce tome fait suite à "Les X-Men d'hier" (épisodes 1 à 5). Il comprend les épisodes 6 à 10, parus en 2013, écrits par Brian Michael Bendis, dessinés et encrés par David Marquez (épisode 6 à 8), dessinés par Stuart Immonen et encrés par Wade van Grawbadger (épisodes 9 & 10).

Les 5 X-Men originaux (Cyclops, Marvel Girl, Beast, Iceman et Angel) ont donc décidé de rester dans le temps présent et ils s'installent à l'école Jean Grey, ouverte par Logan (dans Wolverine & the X-Men). La période d'acclimatation débute et elle s'annonce compliquée. Pour commencer, tous ces bouleversements ont provoqué le déclenchement des pouvoirs télépathiques de Jean Grey qui a bien du mal à les maîtriser. Heureusement elle reçoit les bons conseils de Kitty Pride. Ensuite, Scott Summers se rend compte qu'il n'est plus en position de chef, qu'il y a énormément de mutants dans cette école ; il décide de faire un tour en ville non supervisé. Il y fait une mauvaise rencontre : Raven Darkholme. Warren Worthington fait connaissance avec sa version de temps présent dans une belle séquence de vol.

Après le premier tome d'introduction, Brian Michael Bendis doit convaincre les lecteurs que le postulat de départ est viable : la présence des X-Men originaux (peu de temps après leur rencontre, vers "Uncanny X-Men" 5) au temps présent, au beau milieu de tous les autres X-Men. le titre a été choisi avec soin "Here to stay", et fait office de déclaration d'intention. Bendis doit commencer par prouver que ces jeunes gens disposent d'une personnalité qui apporte quelque chose à l'univers déjà bien peuplé des mutants. Dans des intrigues entremêlées, 3 d'entre eux vont avoir droit à des moments mettant en évidence leur caractère, et les relations privilégiées qu'ils vont établir avec un autre X-Man. Ainsi l'apparition des pouvoirs télépathiques de Jean Grey va la rapprocher de Kitty Pride qui va l'aider à surmonter cette phase traumatisante. Bendis montre avec élégance Kitty jouant son rôle de professeur affectueux auprès de Jean, ainsi qu'une autre facette inattendue de Jean, plus loin dans les épisodes (et non, il ne s'agit pas du Phénix).

Avec Scott Summers, Bendis montre pendant son escapade qu'il y a aussi un décalage temporel à surmonter pour ces jeunes X-Men déplacés dans le temps. Il n'insiste pas lourdement sur ce thème, mais il insère quelques exemples bien vus et assez rigolos. Par exemple, Summers demande dans un bureau de poste pourquoi l'eau est sous plastique (une fontaine à eau). La dame cherche à savoir par rapport à quand, et Scott se demande ce qu'il a bien pu arriver à l'eau. Il reste à voir combien de temps Bendis jouera sur ce plan là, si cet aspect sera oublié dans 3 épisodes, où si cela deviendra une blague récurrente déclinée pour chacun des 5 X-Men déplacés.

Avec Angel Worthington, Bendis réussit l'une de ses meilleures rencontres, mais aussi commence à se heurter à des difficultés anciennes, inhérentes à ce personnage. Les 2 versions d'Angel s'offrent un vol pour le plaisir. Bendis met à jour, avec doigté, la distance qui sépare ces 2 incarnations du même personnage, avec un savoir faire épatant qui traduit le trouble profond qu'éprouve Angel déplacé à découvrir cet étrange Angel qui est un autre lui-même à la fois très différent, et étrangement semblable. Comme dans toute série de superhéros qui se respecte, Bendis n'oublie pas les scènes d'action et il se heurte déjà aux limites d'Angel version originale. Voilà un individu qui ne pèse pas lourd (le Marvel Handbook indique qu'il a des os creux pour que ses ailes puissent le supporter, comme les oiseaux), une force normale, et aucun pouvoir offensif, autant dire qu'il ne sert pas à grand-chose dans les combats physiques.

Bendis se montre donc à la fois astucieux en établissant les caractère de ces 3 X-Men, perspicace en évoquant le décalage temporel, cohérent en indiquant que l'expérience de terrain de ces jeunes X-Men est limitée, intelligent en mettant tout de suite ces X-Men face à leur version adulte (Cyclops rencontre également Cyclops) et déjà un peu gêné aux entournures en répétant qu'Iceman n'a que 12 ans (plausibilité zéro) et en se heurtant aux limites d'Angel dans le contexte du combat. Il arrive également à glisser plusieurs scènes donnant des indications sur les futurs ennemis de ces X-Men.

David Marquez dessine les épisodes 6 à 8, en se calquant sur le style d'Immonen. le résultat n'est pas exactement identique, mais assez similaire pour que le lecteur n'ait pas l'impression de changer de série. Il explique dans les pages en fin de volume comment il utilise le logiciel SkechtUp pour consolider ses perspectives et les volumes en scène d'intérieur, avec les différentes couches successives de dessin. L'exemple est très probant (la scène dans laquelle Scott Summers se rend compte de la diversité des mutants dans le réfectoire), mais elle met aussi en évidence, par contraste, le nombre de pages sans décors (en particulier la scène de vol des 2 Angel). Marquez a tendance à dessiner tous les visages comme appartenant à de (très) jeunes adultes, et ceux des jeunes X-Men comme étant ceux d'enfants. Les émotions sont bien retranscrites, avec une certaine justesse, ce qui augmente l'efficacité du scénario.

C'est avec grand plaisir que l'on retrouve les dessins plus fournis de Stuart Immonen qui s'est amusé à glisser quelques blagues visuelles telles qu'une publicité pour "Dazzler, the musical", ou un hommage à Marvel Zombies lors d'un entraînement dans la Danger Room. Il est tout aussi à l'aise pour les expressions faciales que Marquez. Ses mises en scène sont plus sophistiquées que celles de Marquez, et les combats plus convaincants sur le plan de l'énergie et des superpouvoirs. L'encrage de von Grawbadger est magnifique avec des aplats de noir qui donnent du poids à la page, et des contours soulignés par des épaisseurs de traits évoluant de manière fluide.

Avec ce deuxième tome des All new X-Men, Bendis, Marquez et Immonen montrent que ces personnages sont là et s'installent, et qu'ils ont des choses nouvelles à apporter au monde des X-Men, à commencer par des personnalités bien affirmées.
Commenter  J’apprécie          20



Ont apprécié cette critique (2)voir plus




{* *}