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Critique de BazaR


Ah il y a du progrès !

Ce tome 3 est en fait le premier tome d'une tétralogie, raccrochée aux deux premiers tomes par une fin modifiée du tome 2 (je suis clair là ?).
Gregory Benford nous déplace dans un futur extrêmement éloigné, dans un système stellaire proche du fameux Centre Galactique qui tourne sur une orbite elliptique très excentrique autour d'un puissant corps céleste dénommé le Mangeur. La sensation d'un temps infini qui nous sépare de notre temps est prégnante ; l'Histoire est devenue légendes et contes poussiéreux auxquels on ne croit plus. La planète Nivale, auparavant idyllique pour la vie organique, est devenue froide et désertique, « mécaformée » pendant des éons par les Machines.
La civilisation humaine est arrivée ici en des temps immémoriaux et a connu de nombreuses incarnations. Elle est réduite aujourd'hui à quelques Familles nomades aux noms de pièces d'échec, qui depuis qu'elles ont perdu leurs Citadelles au profit des Mécas vivent traquées par ces derniers. La découverte de ces Familles a été un grand plaisir. Leurs membres ressemblent de notre point de vue à des cyborgs aux capacités augmentées, qui se déplacent par bond comme des ninjas de Naruto et ont perdu pour l'essentiel les connaissances qui les ont amenés à cet état. Ils ont pourtant associé à leurs esprits des réminiscences électroniques de personnalités passées, mais considèrent la plupart du temps leurs récits du passé comme des divagations séniles. Leur langage s'est appauvri au niveau syntaxique ; chapeau à la traductrice au passage.

Les humains ne sont plus nombreux, cela change leurs rapports. La vie et les connaissances de chacun sont vitales. La colère, les dissensions sont dangereuses et prohibées, et les hommes ont inventé des méthodes pour faire office de soupape de sécurité, comme les joutes orales. On retrouve encore le goût de l'auteur – largement exploité dans les deux premiers tomes – pour les relations hiérarchiques conflictuelles. A nouveau le héros, Killeen, est quelqu'un d'intelligent qui peine à obéir systématiquement au Cap'taine de sa Famille qu'il estime moyennement compétent. Ce dernier, Ledroff, a été récemment promu et cherche encore sa place. On sent la rivalité, la jalousie entre les deux hommes mais cela n'éclate jamais car la survie ne peut se le permettre.

J'ai aussi apprécié la complexité de la civilisation Méca. On va heureusement plus loin que la simple vision terminatoresque qui vise simplement à l'annihilation de la vie organique. Elle n'est pas unifiée ; il y a des clans, et même des Renégats qui communiquent avec les humains. Il est intéressant de constater que ses représentants les plus évolués – surtout celui nommé la Mante – disposent d'une conception artistique, quoique horrifique vu de notre fenêtre. Leur regard sur l'homme est celle que nous portons sur le rat, primitif mais susceptible de pulluler si on ne fait pas gaffe.

Tout n'est pas parfait dans ce roman. Gregory Benford se perd dans certains passages qui en deviennent ennuyeux. Il maîtrise mal les coups de théâtre, nous assénant par exemple un dialogue entre Killeen et un être cosmique étonnant plein de promesses qui retombent comme un soufflet. L'auteur range le sujet dans un tiroir pour exploitation ultérieure et passe à autre chose, générant ma frustration. Vu le contexte, il n'a pas trop l'occasion de rentrer dans des débats critiques sur l'état de la société contemporaine. Il y parvient pourtant, en mettant en relation la relation homme-méca avec la façon industrielle et inhumaine dont nous traitons les animaux afin de les consommer (un débat très actuel, mais qui ici date de 1982). Enfin la fin n'offre pas de surprises.

Pas de surprises mais une ouverture vers des découvertes de ce Centre Galactique que j'espère passionnantes, et peut-être des détails historiques sur ce qui a amené les humains sur Nivale, même si des détails ténus nous relient au tome 2 sur ce point.
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