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Critique de AugustineBarthelemy


Annabelle est un polar vendu comme la nouvelle sensation venue de Suède. Depuis le succès de la trilogie de Stieg Larsson, la Scandinavie est devenue le paradis du roman policier inventif et novateur. Annabelle avec son héroïne Charlie Lager (qui s'annonce récurrente) se révélera-t-il aussi innovant et addictif que ses grands frères ? Spoiler alert : NON.

Charlie Lager est une femme flic de Stockholm. En tant que femme, elle a dû surmonter le machisme de la profession, faire plus d'efforts qu'un homme pour être reconnue comme une bonne enquêtrice au sein de la brigade criminelle. Dans ses études comme dans son travail, Charlie peut être considérée comme brillante. Mais sa vie personnelle, elle, est chaotique. Quelque chose dans son passé la dévore, brillante mais instable Charlie qui n'a confiance en personne, ne se lie à personne, et se noie un peu trop souvent dans l'alcool. Un souci qui a tendance à inquiéter son supérieur depuis qu'elle a été surprise en pleine ivresse lors d'une réunion professionnelle. Alors quand une jeune fille de dix-sept ans disparaît à Gullspäng, c'est naturellement elle qu'on envoie, elle qui en est originaire et qui a quitté cette ville vingt ans plus tôt, en se jurant de ne jamais y revenir. Mise au vert forcée ou réel signe de confiance de son chef en son talent ?

Pour Charlie, revenir aux sources est une punition. Les souvenirs se mêlent très vite à l'enquête, elle qui retrouve tous les lieux, les odeurs et quelques personnes de son enfance, dont sa meilleure amie, Susanne. le fantôme de sa mère, Betty, plane sur la ville, tout comme les souvenirs de ses fêtes à Lyckebo, qui réunissaient tous les alcooliques et les instables du quartier. Car à Gullspäng, le chômage est roi et la misère reine. L'avenir se résume à l'usine de bois, où femmes et hommes s'abîment les bras et la santé, et à la bouteille. Les jeunes n'ont qu'un désir : s'enfuir. Il faut dire que les ados n'ont guère le choix, c'est soit la fuite, soit suivre l'exemple de leurs parents, sombrer dans l'alcool et la drogue pour oublier l'ennui et travailler à l'usine une fois qu'ils auront fini le lycée. Annabelle a-t-elle fugué pour échapper à ce destin ? Elle que tous décrivent comme une fille brillante, passionnée par la littérature, curieuse de tout, jusqu'à intégrer un groupe de lecture de la Bible. A-t-elle voulu fuir la relation toxique qui s'est instaurée entre elle et sa mère, une femme aux nerfs fragiles, qui contrôle chaque aspect de sa vie de façon obsessionnelle ? Ou bien a-t-elle été rattrapée par sa beauté, elle qui éveille le désir de chaque homme qui la croise ?

Soyons honnête : l'enquête passera par toutes les étapes obligatoires de ces dernières années. La bourgade abandonnée, le chômage, la pauvreté et la désespérance des habitants face à l'exclusion sont des thèmes classiques du roman noir qui prône une forme de déterminisme social dans le crime. Toutes les personnes seront tôt ou tard soupçonnées, évidemment, on retrouvera le fameux amant plus âgé, et les conséquences de cette liaison, on aura aussi droit à la figure de l'adolescent despote qui profite que son père est le principal employeur de la ville pour faire du chantage et obtenir ce qu'il veut, et bien sûr, Charlie, notre flic borderline qui, débordée par ses souvenirs, se fait débarquer de l'enquête mais découvre tout de même tous les éléments qui permettront d'éclaircir l'énigme. Énigme qui, par ailleurs, ne sera pas non plus une surprise dans sa résolution.

Et pour cause, l'enquête sur la disparition d'Annabelle n'est qu'un prétexte pour introduire le personnage de Charlie Lager et éclairer son passé. Car le polar est divisé en trois storylines : outre la trame principale, on aura « Ce jour-là » qui nous fait suivre Annabelle dans son dernier jour, et « Avant » qui se passe dans un temps indéterminé, et qui nous présente l'amitié malsaine entre deux adolescentes, Alice et Nora, une histoire qui sera essentielle dans le développement de l'histoire de Charlie mais qui semble totalement détachée de celle d'Annabelle. Si le procédé permet de dynamiser le polar, je trouve toutefois qu'il commence à être un peu éculé (autant je l'apprécie dans les enquêtes d'Érica Falk parce qu'il apporte un réel éclairage sur les crimes du présent et permet de saisir l'instant qui enracinera le « mal » et le mécanisme qui provoquera le crime, autant là, je le trouve un peu superficiel).

Annabelle n'est pas un mauvais livre, je l'ai lu facilement, il n'est ni irritant ni incohérent et le moment aurait pu être agréable si je n'avais pas éprouvé un léger ennui pendant cette lecture. L'originalité n'y est pas, la trame est classique, et la surprise absente. Charlie est un personnage prometteur, mais hélas, elle ne m'a pas assez accrochée pour avoir envie de lire une éventuelle suite de ses aventures. Une lecture qui risque d'être assez vite oubliée mais que je ne déconseille pas non plus si vous êtes un amateur de ce genre.

Je remercie Babelio et les éditions Marabout pour l'envoi de ce roman.
Lien : https://enquetelitteraire.wo..
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