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Critique de Biblioroz


Avec, en introduction, une lettre d'Alberte adressée à son avocat commis d'office, nous savons dès l'entrée du roman qu'elle doit être jugée pour un acte qui a eu lieu huit années en arrière et pour lequel elle s'est dénoncée elle-même.
N'ayant à l'esprit aucune volonté de se défendre, ni de se disculper, elle a subitement éprouvé le besoin de se libérer du douloureux poids « du plus monstrueux des mensonges. »
Dans cette tragique histoire, c'est donc la voix d'Alberte que l'on va entendre, remontant tous les éléments de sa pauvre vie qui ont concouru à cette dramatique issue.
Comme nous le précise Alberte en entamant sa confession, il faut avant tout connaître les âges des protagonistes pour saisir toute l'essence du drame à venir. Elle a 41 ans. Sa fille Camille en a 22 et Franz, le fiancé de Camille a 34 ans.

Comme il est difficile de porter un jugement sur la personne dont la voix emplit ce roman ! Ses aveux qui lui coûtent, sa profonde culpabilité, ses remords, les circonstances atténuantes que l'on veut lui accorder ne peuvent effacer certains comportements, certaines dérives qu'elle n'a nullement tentées de contrer pour éviter le drame. Tout ceci au nom de la passion, de l'amour qu'elle n'avait jusque là jamais éprouvé.
Son existence fut morne et monotone. Elle est désormais veuve d'un homme terne qu'elle n'a jamais aimé. Aucune sortie n'égayait sa vie conjugale, aucun invité ne venait mettre un peu de gaité chez elle si ce n'est le fondé de pouvoir de son mari qui partageait la partie de jacquet disputée uniquement entre les deux hommes.
Avec ses vêtements de deuil, elle s'est retirée à Maguelonne, la maison de campagne héritée de sa mère. Elle y passe des journées égales, depuis quelques années déjà. du vide, une vie à l'image d'une page blanche mais dans la sérénité. Puis en 1917 surviendra « l'évènement d'où tant d'infortune devait sortir. » Camille arrive, au volant d'une voiture conçue par son fiancé d'origine polonaise, ingénieur d'une importante firme automobile allemande. Dans l'attente de papier pour leur mariage, ils s'installent pour quelques temps à Maguelonne.

La mère et la fille, dissemblables autant moralement que physiquement sont pourtant toutes deux ardentes et passionnées, chacune à leur manière, et c'est de ce tempérament, bien vivant pour l'une mais enfoui depuis quarante ans pour l'autre que va surgir un drame intime d'une extrême violence.

Alberte, effacée depuis tant d'années se réveillera de sa léthargie en étant encore une femme belle, désirable et avide de bonheur. Elle a sans doute un retard de vie à rattraper mais à quel prix se fera-t-il !

Ce roman, purement introspectif, est admirablement écrit par Pierre Benoit qui met en scène une histoire tragique liée à l'intensité de la passion lorsque l'on arrive à un âge charnière. Cette confession, livrée comme un rapport de faits et de conséquences autour d'un éveil subit à la vie, laisse en suspens la question de la responsabilité de cette effroyable issue. Ai-je aimé cette lecture ? Honnêtement, je ne crois pas. L'écriture, le déroulé, l'intensité qui en ressort sont irréprochables mais je n'ai pas aimé Alberte. Les points excusables n'ont pas réussi à faire leur chemin pour atténuer sa culpabilité et même la raison par laquelle sa conscience se réveille est blâmable. Je n'ai ressenti qu'un profond malaise face à ce sujet noir autour de la passion.
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