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Critique de Lucilou


Relire "La Chambre de la Reine" et rédiger cette critique -tout comme je le ferais sans doute des deux tomes suivants de cette trilogie- est à la fois un hommage rendue à mon adolescence et un plaisir délicieux, exquis quoiqu'un peu coupable tant j'ai pu pourfendre certains romans de Juliette Benzoni que je ne suis jamais parvenue à apprécier ou à finir...
Il faut dire que la très prolixe dame de Saint-Mandé, si elle a su écrire nombre de romans historiques (très) bien documentés a aussi souvent péché par excès de mièvrerie, que sa prose n'est pas exempte de formules toutes faites et surfaites, que ses intrigues sont pour le moins prévisibles... Tout ce que je déteste, tout ce qui m'agace.
Oui mais voilà, j'avais quatorze ans, peut-être un peu moins, quand j'ai découvert dans la bibliothèque de l'une de mes tantes "La chambre de la Reine" dans son édition France Loisirs et que je l'ai dévoré, adoré, me faisant offrir dans la foulée et pour mon anniversaire "Le Roi des Halles" et "Le Prisonnier Masqué".
Pour la petite amatrice de roman historique que j'étais alors et l'amoureuse de Dumas en pleine idylle, il y avait tout ce dont je pouvais rêver dans ce roman à l'écriture fluide, prenante, rythmée: le premier tiers du XVII°siècle, Louis XIII et Richelieu, Anne d'Autriche en reine éplorée, des complots, de la politique et des cabales, des amours interdites, une grande histoire d'amour devant laquelle soupirer, un personnage masculin beau et romanesque à se damner, de l'Histoire avec un grand H et des légendes toutes droit héritées de Mme de Motteville ou du cardinal de Retz, un méchant atroce et enfin une héroïne charmante mais point trop belle, fragile et soupe au lait à laquelle je pouvais m'identifier, d'autant qu'elle avait mon âge alors!

Tout commence en 1626 par une après-midi d'orage par une chute de cheval qui met à mal l'orgueil d'un gamin de dix ans à peine blond aux cheveux d'or et aux yeux d'azur, comme il sied à tout héros de roman digne de ce nom. le petit François, car tel est son prénom, n'est autre qu'un petit-fils du grand Henri IV. Prince, donc, mais bâtard puisque son père a pour nom César de Vendôme, rejeton magnifique du roi Henri et de Gabrielle d'Estrées. Parce qu'elle a trop d'ambitions et sans doute de flamboyance, parce qu'elle donne aussi un peu trop la main à certaines machinations aussi, la maison Vendôme est en butte au pouvoir royal et à celui, plus inquiétant encore, du cardinal de Richelieu. Cet après-midi là, le destin de la famille va basculer et pendant que la duchesse en prend conscience, son fils cadet fait, lui, une rencontre bien étrange dans la forêt où bat l'orage: celle d'une minuscule petite fille, quatre ans à peine, dont on découvre bientôt que toute la famille a été massacrée. Les Vendôme, bien qu'eux-mêmes en mauvaise posture, décident de prendre la petite Sylvie sous leur aile. Ils lui donnent un nom, une éducation, un parrain et font en sorte qu'elle oublie tout de son passé.
C'est dix ans plus tard que l'on retrouve la pupille des Vendôme promue demoiselle d'honneur de la reine Anne d'Autriche. Là, elle sera mêlée à toutes les intrigues de la cour, des plus bénignes à la plus meurtrière, de bals en séjours au château de Saint-Germain ou de Fontainebleau. le beau François n'est jamais loin, pas plus, hélas, que le mystérieux meurtrier d'autrefois qui dans l'ombre menace l'adolescente plus encore que le terrible secret dont elle et son amie, Marie de Hautefort, se retrouvent dépositaires.
Tous les ingrédients sont réunis et "La Chambre de la Reine" est toujours aussi savoureux même près de vingt ans après ma première lecture, même après plusieurs relectures.
Alors oui, c'est facile, mièvre parfois... mais bon sang que c'est bon, un vrai plaisir simple et romanesque, addictif et intelligemment troussé malgré tout... Et puis, outre que j'y ai retrouvé ce contexte que j'aime tant, j'ai aussi retrouvé mes quatorze ans et mes premiers frissons d'adolescente et ça ne se refuse pas, diantre.
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