Découverte d'un écrivain israélien pour un premier roman se déroulant dans une implantation religieuse. Né dans une colonie,
Yonatan Berg livre un point de vue tout à fait nouveau pour moi . Il appartient à une nouvelle génération d'écrivains.
Yonatan Berg arrive à vaincre mes réticences en racontant parallèlement deux histoires : celles de deux amis d'enfance Bnaya et Yoav qui ont choisi deux voies opposées.
Yoav a quitté la colonie très jeune (comme l'auteur) , il a couru le monde à la recherche d'expériences. Il mène une vie laïque à Tel Aviv plutôt vaine, entre soirées arrosées et rave parties où circulent toutes sortes de substances. Pendant une rave, un très mauvais trip lui rappelle un drame passé à l'armée, une opération qui a mal tourné et s'est soldée par la mort du terroriste qu'ils poursuivaient dans son village, mais aussi celle de Segal, l'officier. Ce souvenir le poursuit jusqu'à l'obsession longtemps après que l'effet des drogues se soit estompé.
Bnaya semble plus équilibré dans la vie toute tracée d'un juif religieux, marié, père de famille, enseignant. Ses journées sont rythmées par les prières, l'étude, la vie communautaire de l'implantation, sa femme et ses enfants. Rien ne viendrait troubler cet équilibre si l'Implantation n'était pas menacée d'évacuation.
Par hasard, il découvre la violence d'un groupe de jeunes qui refusent l'expulsion et ne sont prêts à aucun compromis. Mélange de sérénité d'un shabbat qui commence, et de violence cachée. Prise de conscience d'une menace et d'une remise en question de ce mode de vie. d'une faille entre une "bande d'excités unis par un secret et le sentiment d'être le fer de lance de leur communauté" et ceux qui sont prêts à quitter l'implantation. Bnaya est rempli de doutes, il hésite à se confier à sa femme, il affronte sans l'avoir cherché, les extrémistes, dans sa communauté mais aussi dans le lycée où il enseigne.
Bnaya comme Yoav vivent un trouble intense.
Alors que les discours monolithiques des religieux semblent exclure le doute, Bnaya voit se creuse un fossé entre son ancienne vie et la crise qui se profile. Yoav cherche à expier une faute. Seule la réparation lui rendrait son équilibre psychique. mais réparer quoi? auprès de qui? du père de Ségal? du père du Palestinien abattu?
Yonatan Berg raconte la vie de ces deux jeunes gens déchirés sans prendre parti, sans donner de solution. Pour cet auteur qui a vécu la vie de ses héros, on peut imaginer qu'il a donné beaucoup de lui-même dans chacun des deux.
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