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Critique de Osmanthe


Alexandre Bergamini nous entraîne sur les routes et sentiers japonais, pour se perdre, et se retrouver. Hanté par la perte de son frère, disparu trente-huit ans auparavant, il part accompagné de son ami D. à la découverte de l'archipel, dans l'état d'esprit mélancolique d'Akutagawa, ce génial écrivain de santé précaire qui sombra dans la folie et se suicida à 35 ans. Sans véritablement retrouver sa trace matérielle à Tokyo, il va croiser furtivement des gens éminemment attachants, et se sent rapidement comme chez lui dans ce pays déroutant, contrairement à D., qui d'après Alexandre n'accroche pas du tout. Alexandre va donc le laisser en plan à Tokyo pour s'approcher au plus près de l'âme japonaise, s'engageant dans la campagne pour y rencontrer des gens plus authentiques encore, faisant l'expérience de l'hébergement chez l'habitant, du thé bienfaisant, de la méditation, s'enfonçant dans la forêt où il vaut mieux pour le voyageur ne pas s'aventurer sans une petite clochette qui lui permettra d'alerter s'il croisait un ours, ou s'il était victime d'un malaise, ou encore égaré dans la nuit. Et partout, les gens sont simples, accueillants, joyeux, sur cette terre qui pourtant est tellement agitée à l'intérieur, toujours à la merci des colères de la nature. C'est peut-être ça le secret de ces gens-là, profiter du moment présent, tellement les choses sont éphémères.

Un beau livre, où l'on chemine avec des images en tête, d'une nature qui est aussi généreuse (plaisirs des onsen), d'animaux parfois aussi insolites que redoutables (frelon de dix centimètres qui tue chaque année plusieurs dizaines de personnes, ce serpent habu dont la morsure vous empoisonne progressivement durant des années), d'êtres humains qui rient en travaillant la terre ou en cuisinant des plats savoureux, qui ne se plaignent jamais malgré les séquelles éternelles de la guerre. Le texte nous nourrit aussi, avec à propos, de mots japonais et de références littéraires, la plupart des grandes figures nippones des lettres étant convoquées, de Soseki à Mishima en passant par Inoue. Il y a du Sylvain Tesson, en plus apaisé, chez cet Alexandre Bergamini !

J'adresse un grand merci à babelio et aux remarquables éditions Philippe Picquier pour l'envoi de cet intéressant ouvrage dans le cadre de masse critique.
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