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Critique de Pancrace


Fantastique voyage tout en délicatesse, tout en murmure, tout en musique de la vie.
Michel Bernard m'a permis de faire la connaissance d'un homme de qualité, de valeur et de caractère que je ressens très pudique dans ses émotions.
Déterminé à partir à la guerre malgré sa petite taille et son maigre poids, Ravel sera conducteur de véhicules. Nous sommes en 1916. Il acheminera personnels et matériels jusqu'à la ligne de front. Cet engagement marque le début de ce roman, il a 41 ans.

Les pages poétiques de Michel Bernard sont en parfaite symbiose avec le tempérament lyrique et sensitif de Maurice Ravel qui, lors des bombardements intensifs, perçoit bien plus nettement le chant des oiseaux perchés sur leurs arbres décharnés que le fracas des canonnades.

Pendant cette période, la musique est bannie de sa vie, les balades en forêt feutrées seront le révélateur de l'acuité sensorielle du musicien et des vertus morales de l'homme où l'on sent poindre le raffinement tout autant que l'angoisse ce qui permet l'éclosion d'oeuvres abouties d'un caractère méticuleux.
Dans les lignes de Michel Bernard j'entends la musique de Ravel, la claire mélodie de l'eau, le doux bruissement des arbres et la complainte du vent dans les plaines.
Les notes et les mots racontent la même histoire : la vie, l'amour, la mort.

« Alors par longs trilles le hautbois tantôt fusant, tantôt sautillant chante l'allègre mélancolie des autrefois et le goût de bonheur qu'ils laissent au coeur. »

Réformé en 1917, il écrira pour ses amis morts au combat, « le Tombeau de Couperin ».
Son tempérament solitaire et sa santé médiocre le mèneront à s'installer à Montfort-L'amaury où il achètera une propriété qui le comblera par sa position dominante sur le village et ses forêts environnantes. Il y écrira de nombreuses pièces musicales avec entrain en regardant ondoyer depuis sa fenêtre les belles futaies.
Ravel est un grand musicien reconnu, de multiples voyages dans toute l'Europe et aux Etats-Unis l'éloigneront vraisemblablement de visions parfois funèbres que l'on détecte dans ses oeuvres ténébreuses.
Sa rencontre avec Strauss et un de ses amis manchot, ancien militaire, lui fera composer le « Concerto pour la main gauche » aux harmonies oppressantes.

J'ai énormément aimé ce roman qui ne peut se lire sans l'extraordinaire envie d'écouter les mélodies de Ravel afin de pénétrer les phrases sensibles et sensuelles de Michel Bernard qui a su tremper sa plume dans la liquidité de l'encre noire et blanche des notes éclatantes extraites de l'âme de ce compositeur intemporel.
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