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Critique de Sharon


Merci à Babélio et aux éditions Luce Wilquin pour ce partenariat.

Je prends la série en cours de route, puisque La vie al dente est la troisième enquête de Tiziana, toute jeune enquêtrice qui semble encore prendre ses marques dans l'équipe qu'elle a intégrée à Rebecq. Cependant, elle n'est plus la dernière arrivée : un petit nouveau, Augustin, très à l'aise avec l'informatique, est arrivé en remplacement d'un collègue défaillant (pour rester politiquement correct).
Bienvenue à Rebecq, chez les policiers de proximité. Ici, on règle avant tout les conflits de voisinage, les petits problèmes. Située à 27 kilomètres de Bruxelles, cette commune exploite un petit chemin de fer touristique et n'est guère habituée à des crimes en série. Et pourtant, c'est l'un des médecins de la ville, connu pour le soin qu'il prenait de ses patients, qui est retrouvé pendu, dans une mise en scène spectaculaire. Qui a pu faire cela à cet homme sans histoire, menant une vie quasi ascétique ? Ce n'est pas la toute jeune associée de son cabinet, jeune femme sans doute efficace mais terne ô combien qui pourra les renseigner, si ce n'est sur le soin que mettait son vieux confrère à ce qu'elle prenne en charge ses patients, rétifs à l'idée de changer de médecin (pour une femme, en plus).
Oui, nous sommes dans une petite bourgade belge, et pourtant, avec Tiziana et les siens, je me suis crue en Italie, avec cette omniprésence des pantagruéliques recettes de cuisine, et cette extravagante famille. Sans eux, sans la chaleur qu'ils apportent au récit, ce coin de Belgique paraîtrait bien morne. Si le bon docteur peut encore gagner notre sympathie, ce n'est pas le cas du pharmacien. Sa pharmacie est une boutique comme les autres, le moyen le plus sûr pour lui de s'enrichir, négligeant les véritables trésors qui vivaient à ses côtés, je veux dire sa femme et ses filles.
Bien que les victimes soient des hommes (et les enquêteurs de se demander s'ils traquent un ou plusieurs meurtriers), nous avons là une affaire de femmes, qui s'imposent parmi les hommes, prennent leur revanche à l'image de Barbara, l'amie de Tiziana. Il est question de mère aussi, de fille, et si les liens sont très forts (dans le bon sens du terme) entre Tiziana et sa mère (et le reste de sa famille, d'ailleurs), il n'en est pas de même pour toutes. Difficile d'être même quand il n'y a pas de père (voir Aurélienne, la préparatrice en pharmacie, qui travaille pour élever ses trois petits) ou quand celui-ci est défaillant, comme le père de Jessy Poubel. S'il y avait de la dignité chez Aurélienne, prête à supporter les humiliations de son patron pour survivre, il n'en est pas avec Jessy et ses soeurs, aux prénoms issus de séries américaines, ou d'émissions de télé-réalité (voir la petite dernière, Nabila). Elles poussent, sans règles, sans notion de droit et de devoir, avec de micro-actes de violences quotidiennes : cris et claques sont leur lot quotidien. Et si elles ont de l'embonpoint, leur corps n'est absolument pas en bon point, de manière presque caricaturale.
On mange beaucoup dans ce roman, la nourriture est le cordon ombilical non coupé qui relit les uns ou autres. Et si la grand-mère de Tiziana prépare des quantités de nourriture pantagruélique, acte d'amour, d'autres réclament leur nourriture à leur mère-compagne, qui s'empiffrent de son côté (manger pour ne pas avoir à communiquer ?) tandis que d'autres, enfin, oublient de se nourrir, comme un lent suicide.
La vie al dente est plus qu'un roman policier. L'enquête est là, et bien là, mais elle n'empêche pas les policiers de mener leur vie, même si ce qu'ils découvrent n'apportent pas la sérénité.
Lien : http://wp.me/p1EW7i-1sr
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