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Critique de myrtigal


Voici un livre différent de ce à quoi nous a habitué Simone Bertière. Elle l'explique d'emblée dans son prologue ; avec ce livre elle a décidé d'adopter un ton différent et un angle différent de ce lui de ses précédents d'ouvrages. Notamment sa saga des Reines de France au temps des Valois/Bourbon dont la réputation et la qualité ne sont plus à présenter.
Ici, elle décide de consacrer un livre à Henri IV, qui sera ni tout à fait une biographie ni tout à fait un essai, mais pile entre les deux. Elle fait le choix, original, d'aborder la vie du roi sous un angle très précis : celui de la Providence. Cette forme d'action divine au travers de laquelle Dieu agit pour faire triompher une cause ou une personne. Et il va sans dire que pour les Hommes du XVIe siècle c'est une notion qui fait partie intégrante de la foi, et pour beaucoup d'entre eux le Navarrais en a été une preuve.
Car presque toute sa vie Henri IV a semblé être non seulement guidé mais favorisé la Providence. C'est un angle de vue qui a pas ou peu été étudié c'est pourquoi Simon Bertière s'est proposé de nous faire une relecture de sa vie à la lumière de cette donnée —pour elle fondamentale— pour mieux comprendre et envisager le règne de Henri IV.
Alors elle va retracer sa vie depuis sa naissance, en 1553, jusqu'en 1600, elle prend cette année au lieu de celle de sa mort en 1610 car, là aussi elle l'explique, elle considère que c'est à partir de cette année que la Providence a semblé « l'abandonner ».

La première partie est consacrée à ses débuts et son apprentissage, l'historienne commencera même le récit avant sa naissance en nous expliquant dans quelle famille et quel contexte il a vu le jour. On va beaucoup en apprendre sur les Albret et les Bourbons, respectivement ses familles maternelles et paternelles, on va découvrir que les relations entre Jeanne d'Albret et Antoine de Bourbon, ses parents furent compliqués, notamment lorsque leur convictions religieuses commencèrent a fortement diverger et quelle influence cela aura sur le petit Henri. Puis on suivra son enfance et son éducation, d'abord dans son béarn natal marquée par le grand air et la liberté, deux éléments fondateur de sa personnalité, puis à la cour de France, sous le giron de Catherine de Médicis et aux côtés des enfants de France (Charles, Henri, Marguerite…) dans un cadre plus solennel et scolaire. A ce moment là, bien que prince du sang, il est très loin de la succession au trône puisque les fils Valois ne sont pas moins de quatre !, personne ne peut possiblement imaginer qu'il puisse un jour devenir roi. Quoi qu'il en soit il reçoit l'éducation qui convient à son rang, bien qu'il ait déjà sa singularité et son style bien à lui, et fait parti intégrante de la cour.
Puis arrivera le mariage, longuement négociée par leurs deux mères, entre Henri et Marguerite, dans le but affiché de réconcilier protestants et catholiques, objectif cher à Catherine on le sait. On sait également ce qui suivra ce mariage; l'une des journée les plus effroyables de l'histoire de France : la Saint-Barthélémy. Simone Bertière revient évidemment sur les circonstances, mais ce qu'elle fait surtout c'est montrer combien dans ce triste épisode Henri fut épargné à plusieurs points de vue (réputation, physique, spirituel…).

Après cette première partie sur ses débute, elle poursuit avec une deuxième partie sur sa prise d'indépendance. Après avoir été retenu "prisonnier" durant 2 ans à la cour au lendemain de la Saint-Barthélémy, il s'enfuit et retourne dans son fief natal et il fait la vraie expérience du pouvoir, à la fois en tant que chef protestant officiel et comme gouverneur de Guyenne. Une expérience positive et très formatrice pour lui dans sa vision et sa gestion des conflits religieux. C'est aussi à cette période que l'on verra de mieux en mieux les traits de sa personnalité : sa mesure, son naturel, son accessibilité, sa patience.
On abordera aussi la vie à Nérac, où Marguerite l'avait rejoint un temps, qui sera comme une parenthèse enchantée, puis les difficultés qui commenceront à naitre entre, car l'amitié — et l'alliance politique— qu'il nouera avec François d'Alençon sera à l'origine de tensions fraternels entre ce dernier, Marguerite et Henri (entre autres problèmes). Mais lorsque Alençon mourra en 1584, et puisqu'il était le dernier frère de Henri III, Navarre devient dès lors l'héritier du trône. Cette accession à la succession créera une crise majeur dans le pays, exacerbant et enflammant les tensions confessionnelles déjà présentes depuis des décennies. Ce sera une période plutôt difficile pour Henri, qui le forcera à réexaminer ses convictions religieuses et ses alliances politiques. Mais encore une fois, et comme depuis le début, la Providence sera a ses côtés pour faire les choix judicieux et pérenne. Que ce soit dans les nombreux sièges et batailles qu'il mènera ou dans l'infini complexité du jeu politiques qui se joue la famille royale (Valois), les chefs huguenots (Bourbons) et les chefs catholiques (Guise).
Ce qui Simone fera de main de maitre c'est d'à la fois narrer les évènement et en même temps d'en livrer l'analyse.
Enfin, dans la dernière partie, on en arrivera à son accession au trône dans les circonstances dramatiques que l'on sait. Après avoir été brutalement assassiné Henri III, avec qui ils avaient renoué et s'étaient unis quelques mois auparavant pour combattre les ligueurs, Henri de Navarre devient Henri IV. Éclatante preuve de la Providence qui vient de l'amener sur la plus haute marche possible. Ensuite ce sera par la patience, la diplomatie et par une rigueur militaire toujours juste qu'il reconquerra son royaume et parviendra à rétablir la paix. Il parachèvera sa formidable ascension par sa conversion au catholicisme, son remariage avec Marie de Médicis, et la promulgation de l'édit De Nantes. Même si le récit s'arrêtera là, Simone Bertière consacrera bien évidemment quelques mots sur sa tragique fin dans l'épilogue.

Bref, pour chaque étape de sa vie elle nous montrera comment il a été favorisé et elle montrera comment chaque fois les circonstances lui ont permis de gravir les étapes ou de s'en sortir.
Dans ce livre, je l'ai dit plus haut, Simone Bertière adoptera un style différent, et celui se ressentira très concrètement ; ses phrases sont courtes, les tournures sont brèves, souvent elle va droit au but de l'information, et même le ton sera plus léger ; car comme elle le précise elle même ; elle a voulu se faire plaisir ! Je ne cacherais pas que cette différence m'a un peu déboussolée au début de ma lecture, mais au fur et à mesure je m'y suis habituée et j'ai même ressenti par moments une émotion plus vive. il y a aussi une autre différence qu'il faut souligner c'est que dans ce livre elle se prête à une analyse psychologique plus conséquente que pour ces autres livres. Elle chercher à comprendre Henri IV dans ses choix et son ressenti par rapport aux évènements qu'il a vécu, elle nous livre un portrait de lui plus intime tout en offrant un panorama complet de sa vie et du contexte qui l'a entouré. C'est un livre tout simplement passionnant, génial pour ceux qui connaissant déjà Henri IV, et une excellente porte d'entrée pour ceux qui voudraient le découvrir !
Déjà amoureuse des Valois/Bourbons et de Simone, pour moi ce fut un immense coup de coeur !
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