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Critique de hedon75


Ce n'est pas l'épopée, c'est son roman.

À déguster... À savourer

Avec beaucoup de finesse, Simone Bertière à choisi "l'interview" d'Ulysse à son retour, gisant sur une plage d'Ithaque (son royaume toujours géré par Pénélope) par un jeune chevrier en passe de devenir Aede (ce qui demande un sérieux apprentissage et une sérieuse mémoire car, faute d'alphabet, il devra "arranger" l'histoire afin de la transmettre oralement (et musicalement) aux générations futures
Double gageure !

Gageure également pour pour Simone Bertière qui nous permet de ne pas trop nous perdre dans l'immense fratrie des Dieux, Déesse, demi) dieux er rang de parenté entre eux du fait que tout leur est permis (Dont l'inceste) — de ce côté l'auteure, à 90 ans, n'a rien perdu de sa pédagogie

À court d'éloge, je ne peux que citer deux cours extraits de la fin de l'épilogue montrant avec quels sentiments elle a abordé l'écriture de ce livre passionnant :

C'est donc l'auteure qui écrit :
"J'ai opté, non sans quelque témérité, pour la forme romanesque. Ce livre s'organise autour d'un dialogue entre deux personnages - la part du lion étant réservée, comme il se doit, à Ulysse, à qui je concède en sus quelques monologues intérieurs. Comme l'action oscille entre deux temps, celui des aventures vécues et celui du récit qui en est fait, Ulysse a deux voix: l'une, comme narrateur de sa propre vie et l'autre, comme personnage de son récit. le registre de langue n'y est pas le même. le narrateur prend du recul par rapport à son passé et en parle assez librement. le personnage s'en tient à ce qu'Homère lui a fait dire: je concentre et abrège le cas échéant - mais en m'efforçant de respecter le ton et la couleur du texte original.
J'ai recouru, comme ouvrage de référence, au Dictionnaire de la mythologie grecque et romaine de Pierre Grimai (Paris, PUF, 1951) - auquel je me suis conformée presque partout pour la graphie des noms propres."

"En ce qui concerne le vocabulaire, je n'ai pas cherché à reproduire la langue supposée d'Ulysse à coups de «couleur locale». Mais j'ai tâché d'éviter les anachronismes criants. L'évocation des émotions pose au traducteur des problèmes insolubles, parce que leur point d'ancrage dans le corps n'est pas le même pour les Grecs que pour nous. Ils les situent dans leur thu-mos, un mot passe-partout qui signifie à proprement parler les «entrailles, les tripes»: n'est-il pas préférable de leur substituer le mot de coeur, d'une égale banalité chez nous ? En tout état de cause, nous savons maintenant que ces localisations sont toutes deux erronées ! Les traductions et les transpositions ont l'âge du traducteur, elles vieilliront à sa suite.
Les interprétations aussi. En brossant ce portrait d'Ulysse je ne crois pas avoir outrepassé les droits d'un romancier s'emparant d'une figure légendaire. Sans l'avoir cherché, j'ai mis beaucoup de moi-même dans ce livre, écrit à un âge où l'on^aborde le dernier versant. Certaines des interrogations que je lui prête sont miennes. J'ai assurément tiré le personnage vers ce qui me séduisait le plus, la haine des sentiers battus, l'inépuisable curiosité devant tout ce qu'offre le monde, le refus du «culturellement correct» de son époque, et ce sens du comique, qui l'empêche de se prendre trop au sérieux et, tourné contre lui-même, se mue en humour. Pourquoi devrais-je le regretter? le plaisir que m'a procuré sa compagnie vaut à lui seul justification."
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