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Critique de Aquilon62


Comme le dit si bien l'auteure "on sait bien que les philologues ne sont jamais entièrement satisfaits et cherchent toujours par nature à atteindre la perfection" et bien là Simone Beta peut être satisfaite car son livre est parfait.

Et quelle aventure ! de sa naissance à Constantinople vers 950 après JC, de la petite bibliothèque d'un monastère de Constantinople, du fond de la malle d'un voyageur inconnu qui avait pris un bateau pour traverser la mer Égée, la mer Ionienne et l'Adriatique, puis dans la maison d'un philologue, puis dans les valises d'un humaniste qui se déplaçait continuellement à travers l'Europe, à la merci des guerres qui pendant des siècles ont bouleversé l'Europe, toujours près d'être détruit, courant toujours le risque de se retrouver perdu à jamais. Il est quand même arrivé jusqu'à nous....
C'est alors que le récit des voyages devient de plus en plus tourbillonnant, il fait le tour de la moitié de l'Europe, de l'Italie à l'Angleterre, de l'Angleterre à la Belgique (puis de nouveau en Angleterre, puis de nouveau en Belgique), de la Belgique à l'Allemagne, de l'Allemagne à l'Italie, de l'Italie à la France, de la France à l'Allemagne de nouveau, ensuite ce sera les raids napoléoniens, et ainsi de suite, cela va crescendo, d'aventures et de mésaventures racontées avec une grande vivacité dans le livre. Il sera même séparé en deux : l'anthologie de Planude et l'anthologie Palatine

Mais est-il possible qu'un manuscrit ancien puisse raconter sa propre histoire ?
Selon la codicologie, cela peut réellement arriver, du moins dans un certain sens. La forme même d'un texte, sa mise en page, l'écriture utilisée, les annotations dans ses marges, les différentes mentions de propriété, etc., sont en effet capables de "dire" beaucoup. 
Il n'en reste pas moins que dans ce cas l'expression "raconter une histoire" n'est qu'une belle métaphore, car il va sans dire que les manuscrits n'ont pas de voix. 
Ils n'en ont pas, bien sûr : mais seulement jusqu'à ce que quelqu'un, profitant des merveilleuses ressources qu'offre la littérature, ne se décide à lui en donner une. 

Et quelle littérature ! avec une rare érudition historique et philologique, à en juger par la documentation scientifique minutieuse que l'auteur résume en annexe, cela devient passionnant, on se surprend comme dans un bon roman à se demander comme tout cela va finir, on est tenu en haleine du début à la fin. 
L'auteure résume en annexe son exemplaire travail pour faire parler les manuscrits, il faut d'abord les avoir étudiés, et on sent bien qu'elle maîtrise son sujet.

On ne peut que penser en lisant ce livre qui se lit comme un roman, à d'autres ouvrages tels que L Infini dans un roseau, la Bibliomule de Cordoue, la caravane du pape (que je vais m'empresser de lire), Aldo Manuzio le Michel-Ange du livre, et bien entendu l'Anthologie grecque, qui, en 2019, est rééditée en un seul volume dans la série du Centenaire des Belles Lettres, et tant d'autres .

Et l'auteure, ou plutôt le manuscrit, de résumer : "je suis à présent une conquête destinée à durer éternellement, un bien impérissable, un "ktèma es aei", comme Thucydide a qualifié son oeuvre historique.
Et c'est justement par ces mots (si je ne vous parais pas suffisamment modeste, je vous prie de tout coeur de m'en excuser) que je voudrais à présent me qualifier moi-même : quelque chose d'éternel, qui ne mourra jamais – quelque chose qui, comme tout ce qui nous vient du monde et de la culture antique, sera toujours capable de projeter sa lumière sur notre vie de tous les jours."
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