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Critique de April-the-seven


Je remercie les éditions Michel Lafon ainsi que Camille pour cet envoi. Avant sa sortie, il me faisait déjà de l'oeil. D'après ce que j'ai compris, Morgane Bicail est une jeune auteur de 14 ans ayant fait ses débuts sur la plateforme littéraire Wattpad. Son histoire, Phone Play, a connu un joli succès et aujourd'hui, son livre a été édité, histoire de régaler un plus grand lectorat.

J'ai commencé ce roman avec Léa du blog Lectureavie et c'était le livre idéal pour débattre, car la grande énigme n'en a pas fini de nous travailler. Je devais me forcer à reposer le livre de temps en temps, autrement il aurait été terminé l'espace de quelques heures. Parce que oui, il faut garder en tête que Phone Play est hautement addictif !

Alyssa a seize ans. Aux yeux de ses parents, elle a tout de la fille modèle et est promise à un bel avenir. Mais la réalité est toute autre. La vie de l'adolescente est mortellement assommante et elle trompe son ennui en fumant en cachette, entre autres choses. C'est sa manière à elle de se rebeller et de mettre un peu de piment dans son existence. Cela dit, son quotidien bascule complètement le jour où elle reçoit un SMS d'un numéro inconnu. Un garçon mystérieux l'invite à jouer à un jeu. Si elle découvre son identité, il lui appartiendra. La seule condition : ne parler de ce jeu sous aucun prétexte à qui que ce soit. Pas très emballée et même carrément suspicieuse, Alyssa se laisse néanmoins prendre au jeu des devinettes. Qui se cache derrière celui qu'elle surnomme Lui ? Pourquoi s'adonne-t-il à ce jeu si bizarre, voire malsain ? C'est toute la question, et ça tient en haleine !

Je dois avouer qu'au début j'étais assez perplexe. Très intriguée, mais perplexe. Je ne savais pas trop à quoi m'attendre et les premiers chapitres n'ont pas vraiment répondu à toutes mes attentes. Il y avait un décalage entre les dialogues et les parties descriptives qui trahissait la jeunesse de l'auteur. Ça m'a un peu déstabilisé. Heureusement, cette impression étrange a fini par s'estomper et j'ai commencé à apprécier le roman pour ce qu'il était : frais et léger.

L'histoire repose sur un suspens atroce. J'ai rapidement adhéré au concept, au point de pousser mes investigations dans chaque mot de chaque ligne, à la recherche de la moindre petite miette pouvant se révéler être un indice. Mais pour brouiller les pistes, on peut dire que Morgane Bicail est très forte. Elle nous balade et nous amène où elle le souhaite, sans la moindre pression. À peine pense-t-on avoir découvert le pot aux roses qu'elle nous dévoile une nouvelle carte cachée dans sa manche, de façon à nous prouver qu'on est tombé dans son piège comme des amateurs. le lecteur peut ainsi s'imaginer les possibilités les plus farfelues pour débusquer la vérité. Parfois, l'auteur balance une information comme une bouteille à la mer et on saute au plafond, persuadé d'avoir compris, de savoir qui est Lui. Mais on finit par se rendre compte qu'on faisait fausse route et je ne vous raconte pas la frustration !

Pendant une bonne partie du livre, j'ignorais si j'appréciais l'Inconnu. Difficile de savoir sur quel pied danser avec lui, surtout au début. Pervers ? Séducteur ? Grand timide ? On peut lui coller énormément d'étiquettes sans jamais réussir à comprendre qui il est réellement. Pourquoi fait-il tout ça ? Qu'est-ce que ce jeu lui apporte, concrètement ? Est-ce un simple amusement ou cherche-t-il à provoquer quelque chose ? Je peux vous dire que mon cerveau carburait à toute allure...

L'Inconnu est un personnage qui m'a beaucoup intriguée, car il est multifacettes et aussi insaisissable qu'une brise. Autoritaire, doux, en demande d'affection, intransigeant. Il se montrait tellement changeant que c'en était perturbant ; mais j'ai adoré cela ! Quelquefois, l'auteur nous laisse entrer dans sa tête. Au lieu d'apporter la lumière sur beaucoup de choses, on ressort du chapitre encore plus frustré parce qu'on s'aperçoit que c'est beaucoup plus compliqué que ça en a l'air aux premiers abords.

Cet Inconnu s'installe très rapidement dans le quotidien d'Alyssa. Celle-ci est déjà vulnérable et trouve sa vie morne. Les messages anonymes sont alors une gorgée d'air pur. Ils atteignent un tel degré d'intimité qu'ils en deviennent fondamentaux, indispensables. L'Inconnu est sa drogue, sa came, comme elle dit.

Je me suis revue à cet âge. Les flirts au téléphone, les SMS échangés à toute heure du jour et de la nuit, les liens qui se créent avec une facilité déconcertante, l'impression de proximité sans même connaître l'interlocuteur. En fait, ça m'a rappelé une époque de ma vie aujourd'hui révolue, et ça fait du bien (je vais arrêter là parce que je parle comme une vieille dame). J'ai même ressenti les petits papillons dans le ventre à certains moments, signe que j'accrochais vraiment beaucoup à la relation entre l'héroïne et son Inconnu.

Cela dit, j'aurais aimé qu'Alyssa fasse un peu plus preuve d'orgueil. Quand elle sent qu'elle a déçu l'Inconnu et qu'il lui en veut, elle se traîne limite à ses pieds pour ne pas qu'il l'a remplace par une autre joueuse. D'un côté, ça colle avec son besoin d'être reconnue et son jeune âge, mais de l'autre eh bien... J'espérais avoir affaire à une héroïne plus fière, plus opiniâtre. Néanmoins on ne peut pas lui retirer qu'elle a son petit caractère et ce n'est pas désagréable.

Bon, par contre une chose qui m'a vraiment fait grincer des dents : les petits surnoms ridicules qui font perdre toute crédibilité aux personnages. Babe, Bébé et Chérie… beurk, beurk, beurk ! Ça n'avait rien de sexy ou d'attirant, ça manquait de naturel, sachant que les personnages ne se connaissaient pas.

La plume est plutôt agréable et si je ne l'avais pas lu sur la quatrième de couverture, jamais je n'aurais cru que Morgane Bicail soit seulement âgée de 14 ans. L'écriture gagne en fluidité au fur et à mesure, et l'originalité est là !

Concernant le dénouement et le dévoilement de l'intrigue, j'ai eu du nez ! Sans le savoir, j'avais envisagé une possibilité concernant l'identité de l'Inconnu et celle-ci s'est révélée vraie. Honnêtement – et je vous le dis à froid, bien des heures après avoir tourné la dernière page du roman –, c'est une histoire bien ficelée et pas tirée par les cheveux, comme je le craignais au départ. Morgane Bicail a très bien su mener sa barque. Ah, et mention spéciale pour « Wicked Game » de The Weeknd, une de mes chansons préférées. Comprendront ceux qui liront le livre.

En résumé, eh bien c'est une histoire toute mignonne qui m'aura amenée à bien cogiter. L'addiction est au rendez-vous, et je n'ai pas pu m'empêcher de mener les investigations comme une enquêtrice. On sent tout de même par moment que la plume de l'auteur est encore juvénile, mais l'histoire monte crescendo et l'écriture s'affirme pour nous concocter un final loin d'être décevant. Je serais ravie de découvrir d'autres histoires de cette jeune auteur.

Lien : http://april-the-seven.weebl..
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