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Critique de CduNord
J'ai été séduite d'emblée par la magnifique couverture, qui rappelle étrangement celles de la série à succès du Bureau des affaires occultes (déjà quatre livres) d'Eric Fouassier. La silhouette de dos, la redingote, le haut-de forme et ces ombres bleutées et ce brouillard...
La comparaison s'arrête là. Nous sommes dans la même ville mais quelques décennies plus tard (dans le Paris de 1888), le personnage principal, Simon Bloomberg, n'est pas un enquêteur qui résout des crimes (le titre est trompeur!) mais un médecin aliéniste (un psychologue ou psychiatre dirait-on aujourd'hui) qui est devenu le paria de la faculté de médecine parce qu'il cherche à comprendre ses patients. Sacrilège. Son goût pour l'occultisme, le laudanum et les recherches sur les singes (il a recréé une jungle à domicile) n'aident pas non plus à le rendre populaire. Il vit dans une maison aux recoins secrets et à l'architecture pyramidale (clin d'oeil à quelque confrérie ?) dessinée par sa femme... "disparue". Où est-elle, l'épouse de ce médecin singulier au teint pâle et à la "barbe bleue" ? le parallèle avec le conte éponyme est entretenu tout au long du livre.
De quoi terrifier sa nouvelle jeune gouvernante anglaise, Sarah Englewood, fraîche, délicate, naïve mais de plus en plus curieuse - et apeurée.
Dans la distribution, citons Ulysse, l'homme à tout faire, sorte de créature de Frankenstein, les cicatrices en moins. le méchant de service (Saint-Monastier). Une flopée de domestiques caricaturales et deux policiers (Léonce et Raoul) tout aussi caricaturaux - et dépassés par les événements.
Lesquels événements sont tellement relégués au second plan dans la narration (le mystère Bloomberg prend toute la place) qu'on peine à s'y intéresser: un défenestré et un cadavre disparu à la morgue.
Pour s'accorder à l'ambiance mystérieuse de la maison Bloomberg, disons juste qu'il sera question dans l'enquête menée ça et là de spiritisme et de nécrophilie.
Mais l'intrigue peine vraiment à démarrer (le fait elle seulement?) , ralentie ou entravée par des babillages entre domestiques et des séances de shopping (pardon pour l'anachronisme et l'anglicisme) qui n'en finissent plus. Sa "résolution" (en est-ce vraiment une ?) trop tardive et tirée par les cheveux.
Soulignons que Les enquêtes de l'aliéniste est la réédition d'un livre paru en 2009, intitulé à l'époque La Chambre mortuaire. Sa ressortie avec un nouveau titre faisant référence à une série qui a connu son petit succès sur une plateforme et l'engouement actuel pour le polar historique est fort opportune, voire opportuniste, mais risque de décevoir les amateurs de vrai polar. En revanche le livre séduira les lecteurs friands d'ambiance gothique, qui ont comme références Barbe bleue, Frankenstein et Rebecca (Daphné du Maurier).
Ajoutons entre autres qualités du roman, qui en a tout de même, que le style est très plaisant, il évite la truculence et la théâtralité dans les dialogues trop souvent utilisées dans le style "historique"; le récit est bien coloré de détails et d'expressions qui à eux seuls campent le décor : entre omnibus et journaux vendus à la criée, dans un Paris ténébreux, inquiétant et organique.
Merci à Netgalley.
La comparaison s'arrête là. Nous sommes dans la même ville mais quelques décennies plus tard (dans le Paris de 1888), le personnage principal, Simon Bloomberg, n'est pas un enquêteur qui résout des crimes (le titre est trompeur!) mais un médecin aliéniste (un psychologue ou psychiatre dirait-on aujourd'hui) qui est devenu le paria de la faculté de médecine parce qu'il cherche à comprendre ses patients. Sacrilège. Son goût pour l'occultisme, le laudanum et les recherches sur les singes (il a recréé une jungle à domicile) n'aident pas non plus à le rendre populaire. Il vit dans une maison aux recoins secrets et à l'architecture pyramidale (clin d'oeil à quelque confrérie ?) dessinée par sa femme... "disparue". Où est-elle, l'épouse de ce médecin singulier au teint pâle et à la "barbe bleue" ? le parallèle avec le conte éponyme est entretenu tout au long du livre.
De quoi terrifier sa nouvelle jeune gouvernante anglaise, Sarah Englewood, fraîche, délicate, naïve mais de plus en plus curieuse - et apeurée.
Dans la distribution, citons Ulysse, l'homme à tout faire, sorte de créature de Frankenstein, les cicatrices en moins. le méchant de service (Saint-Monastier). Une flopée de domestiques caricaturales et deux policiers (Léonce et Raoul) tout aussi caricaturaux - et dépassés par les événements.
Lesquels événements sont tellement relégués au second plan dans la narration (le mystère Bloomberg prend toute la place) qu'on peine à s'y intéresser: un défenestré et un cadavre disparu à la morgue.
Pour s'accorder à l'ambiance mystérieuse de la maison Bloomberg, disons juste qu'il sera question dans l'enquête menée ça et là de spiritisme et de nécrophilie.
Mais l'intrigue peine vraiment à démarrer (le fait elle seulement?) , ralentie ou entravée par des babillages entre domestiques et des séances de shopping (pardon pour l'anachronisme et l'anglicisme) qui n'en finissent plus. Sa "résolution" (en est-ce vraiment une ?) trop tardive et tirée par les cheveux.
Soulignons que Les enquêtes de l'aliéniste est la réédition d'un livre paru en 2009, intitulé à l'époque La Chambre mortuaire. Sa ressortie avec un nouveau titre faisant référence à une série qui a connu son petit succès sur une plateforme et l'engouement actuel pour le polar historique est fort opportune, voire opportuniste, mais risque de décevoir les amateurs de vrai polar. En revanche le livre séduira les lecteurs friands d'ambiance gothique, qui ont comme références Barbe bleue, Frankenstein et Rebecca (Daphné du Maurier).
Ajoutons entre autres qualités du roman, qui en a tout de même, que le style est très plaisant, il évite la truculence et la théâtralité dans les dialogues trop souvent utilisées dans le style "historique"; le récit est bien coloré de détails et d'expressions qui à eux seuls campent le décor : entre omnibus et journaux vendus à la criée, dans un Paris ténébreux, inquiétant et organique.
Merci à Netgalley.
