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Critique de 5Arabella


Il s'agit d'une pièce en quatre actes, publiée en 1875. Nous sommes dans une famille, les Evié. Harald, le fiancé de Gertrude, la fille de la maison, apparaît. Très vite un conflit se manifeste. Harald s'est engagé en politique, et s'attire de ce fait les foudres d'un journal, dirigé par un ami d'enfance du consul Evié. Ce dernier affirme son soutient de principe à Harald, mais aimerait lui voir abandonner la politique pour avoir la paix. Il n'hésite pas à jouer de toutes les cordes, en particulier laisse entendre que Gertrude a des problèmes de santé.

Le journaliste, qu'Evié malgré la réprobation qu'il exprime en privé, n'a jamais voulu exclure de sa maison paraît. Harald préfère partir. Au final, le journaliste après quelques échanges se livre à un véritable chantage : si Evié n'abandonne pas Harald, en rompant officiellement ses fiançailles avec Gertrude, le lendemain, des articles venimeux faisant feu de tout bois, vont s'en prendre à lui. le consul plie et rompt le mariage. Mais un domestique renvoyé, qui avait entendu ce qui se passe, fait annuler le contre-ordre du journaliste : l'article paraîtra bien. Découvrant le fait, Evié décide d'apporter son plein soutien à Harald, en assistant en particulier à un rassemblement politique le soir même.

Le frère de Harald, qui est mourant, se voit par hasard remettre le fameux journal, dans lequel lui aussi est fortement attaqué. Il s'effondre. le journaliste se voit invité par les domestiques seules dans la maison à aider le mourant. Il réalise que ses publications vont être accusées d'avoir provoqué la mort, et qu'il risque d'être perdu socialement par le scandale provoqué. Il va chez Evié pour essayer de lui arracher un pardon officiel, pour se dédouaner. Mais Evié, devant la lecture qu'il a faite reste inflexible, plus par rancune que par principe.

Une pièce très réaliste, ancrée dans le concret, qui pose des débats de société. Evié est au final le personnage central, même s'il n'est pas acteur, qu'il laisse les autres agir. C'est l'homme de classe moyenne, comme on le dirait maintenant, qui a une position confortable, et qui voudrait avant tout la garder. Il a bien quelques idées, sur ce que devrait être la société, sur la justice et l'honnêteté, mais ne voudrait pas que cela remette en cause sa situation. Il reconnaît que les articles publiés dans ce journal, sont diffamatoires, malhonnêtes, qu'ils ne servent que d'outils pour défendre des positions qu'ils n'approuve pas, mais il reste abonné, et se délecte en secret des attaques que subissent les gens qu'ils n'aime pas. Il est d'accord avec les principes défendus par Harald, mais n'accepte pas que le combat engagé puisse avoir des effets négatifs sur lui et sa famille. Il ne s'engagera vraiment qu'au moment où il n'a plus rien à perdre.

C'est vraiment l'aspect le plus intéressant montrer comment un pouvoir tyrannique ou idéologique peut s'établir, en s'appuyant sur une forme d'inertie et de soutien passif d'une partie et à priori la plus à même d'avoir les moyens de développer un esprit critique de la population. Evié représente ces honnêtes gens, qui n'adhèrent pas, pensent garder les mains propres, mais qui au final permettent que se mette en place un pouvoir qu'ils désapprouvent en paroles. Mais ils sont sensibles à la pression, à une forme de menace, car ils n'ont pas envie de perdre quoi que ce soit dans l'affaire. Evié est au fond extrêmement égoïste, et prêt à tous les renoncements, à rendre sa fille malheureuse pour ne pas subir une contrariété. le journaliste joue à fond dessus, et il obtient tout ce qu'il demande, c'est le seul hasard qui fait qu'Evié, qui a perdu, s'engage.

Le personnage du journaliste, très amer, ne croyant à rien, étant conscient de n'être qu'un outil, qui sera jeté dès qu'il ne servira plus, est aussi assez intéressant. Il développe un véritable sadisme vis-à-vis de son ancien camarade, prenant visiblement plaisir à ses menaces et intimidations. Les autres personnages, comme Harald et Gertrude sont plus conventionnels dans leurs nobles sentiments.

Une bonne pièce.
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