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Critique de Presence


Ce tome fait suite à Hydrologie (épisodes 0 à 5). Il comprend les épisodes 6 à 11, initialement parus en 2012. Les scénarios sont écrits par W. Haden Blackman et J.H. Williams III. Les épisodes 6 à 8 sont dessinés par Amy Reeder, avec un encrage de Rob Hunter (aidé par Richard Friend pour l'épisode 6). Les épisodes 9 à 11 sont dessinés et encrés par Trevor McCarthy, et par Pere Perez (épisode 11).

Là maintenant tout de suite, Batwoman est en train de se battre contre The Hook (Rush), un individu déchainé ayant un crochet à la place de la main gauche, sous les yeux de Christopher Falchion. Il y a un mois, Jacob Kane se recueillait au chevet du lit d'hôpital de Bette Kane (Flamebird), toujours plongée dans un coma. Il y a une semaine, Margaret Sawyer repensait à son enfant. Il y a 3 semaines Margaret et Kate Kane s'embrassaient au petit déjeuner. Il y a 4 mois, Maro Ito préparait la venue de Weeping Woman en noyant une petite fille. Il y a 2 semaines Batwoman se battait contre les membres d'une triade aux côtés de Cameron Chase, pour le compte du DEUS (en VO, DEO, Department of Extranormal Operations). Et retour au temps présent.

Ce résumé ne concerne que le premier épisode dont la narration est à l'image des 5 suivants, aussi chaotique, Williams III et Blackman ayant décidé de procéder à un savant mélange chronologique, particulièrement irritant. Tout du long du tome, le lecteur a ainsi droit à de courtes séquences dans un montage haché et réordonné, sans qu'il puisse vraiment détecter ce qu'apporte cette structure. La deuxième caractéristique de ce tome réside dans l'absence d'épisode illustré par JH Williams III. Jusqu'alors cette série se vendait surtout pour les pages incroyables de cet artiste, à la fois en terme de composition conceptuelle et du soin apporté à chaque image. le lecteur se retrouve donc l'obligation de réévaluer les raisons pour lesquelles il a choisi de lire ces épisodes.

À l'évidence, ni Amy Reeder, ni Trevor McCarthy n'ont le talent de JH Williams III (en abrégé JHWIII). le lecteur pourra repérer de louables efforts pour réaliser quelques mises en page à la manière de JHWIII, mais le degré de finition est sans commune mesure (en la faveur de JHWIII) et ces efforts restent chroniques. Il faut dire que même Dave Stewart n'est pas resté et qu'il est remplacé par Guy Major, metteur en couleurs de bon niveau, mais là encore avec une qualité inférieure à son prédécesseur. Sa mise en couleurs du costume de Batwoman est remarquable, par contre il n'arrive pas à reproduire les compositions chromatiques spécifiques à chaque scène, celles qui distinguaient par exemple les scènes nocturnes de Batwoman, et celles diurnes de Kate Kane. de la même manière, ni Reeder ni McCarthy n'arrivent à reproduire la différence de style entre ces 2 types de séquence, telle qu'elle existait dans le tome précédent dessiné par JHWIII. Toutefois comparé à la production moyenne des comics, les visuels et la mise en page sont plus inventifs que la moyenne. Amy Reeder durcit un peu son trait par rapport aux rondeurs qu'elle utilisait sur Madame Xanadu (en VO) et arrive à installer une ambiance bien noire, à rendre les combats vifs et brutaux. Elle sait transcrire l'horreur du moignon de The Hook alors que Batwoman lui a arraché son crochet. Par contre dans une case ridicule, elle n'arrive pas à placer correctement la queue de Killer Croc (par-dessus son pantalon). de son côté, McCarthy utilise des formes moins rondes pour une dureté plus apparente. Il a une meilleure gestion des arrières plans que Reeder, avec une présence plus régulière, et un rendu plus adulte dans les détails. Son Killer Croc est massif, monstrueux et dérangeant (tous ces yeux !). Guy Major réalise un travail satisfaisant, sauf pour la couleur du visage de Kate Kane qui devient blanc dans les derniers épisodes lorsqu'elle est en civil, comme si elle était albinos (ce qui rend caduc le principe de protection de son identité par un masque).

Sur le plan graphique, le résultat ne vaut pas JH Williams III, mais ce n'est pas une catastrophe et pour des comics, il s'agit d'un bon niveau à la tonalité raccord avec la narration. À condition d'être patient, le lecteur recolle donc petit à petit les pièces du puzzle sur 4 mois, en suivant chaque fil conducteur d'épisode en épisode. Il y a quelques éléments plus difficiles que d'autres à recoller (impossible de me souvenir en cours de récit si Margaret Sawyer connaît l'identité secrète de Batwoman ou non, impossible de trouver un indice dans leur comportement), difficile également de comprendre comment Sawyer se remet d'une méchante dose injectée par une seringue. Mais voilà qu'en cours de route, JHWIII et Blackman arrivent à se débarrasser adroitement de la Religion du Crime. du coup l'intérêt remonte. Deuxième point positif : ils développent une nouvelle organisation criminelle Medusa, fort intéressante, avec des personnages mystérieux hauts en couleurs. Par rapport à la tendance massive des scénaristes à recycler les mêmes personnages sans fin, il s'agit d'une bouffée d'air frais appréciable, et d'un début de mythologie inventif. Alors que le lecteur assemble les pièces, Kate Kane apparaît comme un personnage bien étoffé à défaut d'être complexe, sa relation avec Maggie Sawyer est intéressante et plutôt adulte. le fil secondaire sur le coma de Bette Kane se laisse lire, sans être vraiment ridicule, sans être vraiment révélateur. Les criminels sont très réussis dans leur démesure et leur horreur.

Ce tome n'est pas à la hauteur du précédent sur le plan graphique, mais il se situe dans un niveau respectable dans le cadre des comics de superhéros. JH Williams III et W. Haden Black ont choisi une structure très fragmentée pour raconter leur histoire, pour un bénéfice pas très apparent pour l'intérêt du récit, ou pour le lecteur. Malgré un récit qui s'inscrit dans une lutte dichotomique du bien contre le mal, ils arrivent à rendre leurs personnages intéressants, à développer une mythologie spécifique à Batwoman (en s'éloignant de la Religion du Crime), et à maintenir le suspense jusqu'au bout.
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