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Critique de Apoapo


Ce « petit » manuel très scolaire résume quelques-unes des lignes de réflexion anciennes de la sociologie de l'argent, là où celle-ci s'est démarquée à la fois de la critique sociale moraliste-chrétienne et de l'économie classique qui opère, de la monnaie, une « neutralisation utilitaire », ainsi que quelques pistes de la recherche contemporaine, à peine esquissées. le résultat, singulièrement dépourvu de thèse, est hétérogène, et l'on reste sur sa faim surtout dans les deux chapitres conclusifs, où l'on s'attendrait à des indications plus substantifiques sinon à un vrai développement argumentatif.
Le Chap. I, « La condamnation morale de l'argent » évoque les trois figures concomitantes de cette critique des origines : « Mammon » – où l'argent divinisé per se – « l'avare » – où la condamnation de la cupidité – et « l'usurier » – où l'interdit chrétien du prêt à intérêt. On y apprend aussi que la légitimation de l'argent opérée par le capitalisme n'est pas allé sans « résistances antichrématistes » de très longue durée.
Chap. II, « L'argent, une institution sociale ». Après une courte évocation de la polémique entre économistes et sociologues, l'accent est mis sur la confiance systémique, politique et institutionnelle requise par tout système monétaire, en particulier en relation avec la question de la souveraineté monétaire : il est intéressant de noter comment l'euro a légèrement modifié la donné sur ce point.
Chap. III, « L'argent dans les sociétés modernes : pertes et profits ». Un très court exposé des théories sociologiques classiques pour et contre l'argent – en particulier Simmel et Marx. À noter que Derrida et Lévinas ont, de façon plutôt inattendue, défendu la thèse de l'argent « socialisateur et réparateur »...
Chap. IV, « Crédit et financiarisation ». Un texte assez « déconnecté » du reste du livre, sur l'histoire de la bancarisation des ménages en France, sur la diffusion très récente des crédits – en particulier revolving – et sur les compétences nécessaires à la maîtrise de l'argent scriptural en général et des crédits en particulier.
Chap. V, « L'argent, le domestique et l'intime ». Grosse déception sur cette ébauche concernant « les enjeux monétaires des familles contemporaines », la spécificité de l'argent hérité, la gestion genrée des revenus du couple.
Chap. VI, « Argent des riches, argent des pauvres ». Autre immense déception sur la manière très superficielle dont est traitée la difficulté de définir la richesse et la pauvreté en termes relatifs et absolus, sur la multiplicité des indicateurs de pauvreté (floue ? euphémisée ? occultée ?), sur les modes de dépense selon les classes sociales ou les « strates ».
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