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Critique de kuroineko


L'honneur perdu de Katherina Blum possède une grande force et une actualité toujours avérée, 44 ans après sa parution. Heinrich Böll y décrit comment une campagne de presse visqueuse et acharnée conduisit ladite Katherina à tuer le journaliste responsable des torchons qui la salissent depuis quatre jours.

Dans un avertissement, l'auteur renvoie explicitement cette forme de presse sordide, tabloïds et presse à scandales, au journal Bild. le journaliste, future victime, ne recule devant rien pour obtenir des informations, informations qu'il détourne aisément à sa convenance pour surenchérir dans l'abject et enterrer un peu plus médiatiquement Katherina.

Elle, jeune femme d'une vingtaine d'années, travaille durement pour mener une vie loin de ce qu'elle a connu auprès de sa famille et d'un premier mari très vite devenu importun. Heinrich Böll a adopté pour ce court roman un style précis et clinique. Il se veut le compte-rendu précis et exhaustif de ce qui conduisit au meurtre du journaliste. le récit se base sur des procès-verbaux, des rapports judiciaires et d'autres sources moins officielles. Malgré la sécheresse conséquente de l'écriture, Katherina apparaît comme une femme attachante dont on voudrait assurer la défense dans cette affaire.

En filigrane court la méfiance de la RFA pour tout relent un peu trop rouge, en ces années de plomb des années 1970. Si cet aspect du roman représente aujourd'hui une page tournée, celui de la presse-poubelle reste complètement d'actualité. Il n'y a qu'à compter le nombre de fois où les termes "fake news" apparaissent dans les médias. Par son style clinique, c'est aussi la société avide de scandales et de détails juteux ou croustillants qu'autopsie le prix Nobel 1972, les présomptions de culpabilité qui découlent des assauts médiatiques contre Katherina.

Première incursion pour moi chez Böll avec ce roman, mais certainement pas la dernière.
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