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Critique de LoupAlunettes


« le collège tout entier racontait des blagues sur les roux. Les sixièmes les déformaient parce qu'ils ne comprenaient pas tout, mais cela leur donnait le sentiment de faire partie des grands. »
Mathias en était revenu de sa déconvenue avec Axelle, il sortait à présent avec Charlène et finalement, Harold était devenu juste un nul parmi d'autres nuls.
Axelle découvrait l'amour, le beau, le vrai avec Harold, ils riaient des mêmes choses, s'envoyaient des SMS lorsqu'ils ne se voyaient pas, ils éprouvaient la joie de se manquer pour mieux se retrouver.
Harold, lui, avait réussi à sourire à la vie, une vie de roux, une vie sans père mais une belle vie, amoureuse comme les jeunes de son âge.
Mathias et ses sales remarques sur les roux, c'était devenu de l'histoire ancienne.
Pourtant, Ethienne, celui-là même qui suivait Mathias comme son ombre et aspirait un peu à grappiller un peu de sa popularité lumineuse, c'était une autre affaire.
Il avait trouver les meilleures blagues sur le net pour un peu de reconnaissance de « super » Mathias, il était celui qui avait fait tordre de rire le collège entier, diffuser sur Facebook quelques commentaires assassins qui avaient déchaîner les Like. Quoi de plus cool ?
Maintenant que Mathias ne rêvait que d'amour et de Charlène, il n'y avait plus de temps pour l'établissement de la nouvelle popularité, il fallait réagir, contre-attaquer, on devait de nouveau détester les roux, il le fallait.
Harold ouvrit son ordinateur et aussitôt, il eût la boule à l'estomac. le mouvement anti-roux avait encore frappé.

: « Signe distinctif roux » de Anouk Bloch-Henry est un roman pour ados fort et poignant.
L'auteure nous raconte l'itinéraire de Harold, tête de turc par l'action d'un autre plus populaire, jaloux et détenant le pouvoir de révéler les gens les « cool » et ceux qui devaient finir sur le bûcher des mauvaises blagues. La tension monte doucement en crescendo du simple calembour sur les roux au harcèlement cruel, idiot et sans pitié. Nous suivons aussi Mathias et Ethienne, tentant de percevoir et comprendre ce qui peut générer la méchanceté, plusieurs masques, la jalousie ou le mal être. En effet, Ethienne souffre d'être ignoré, méprisé de ne pas être plus beau, plus populaire et s'accroche à Mathias comme à une planche de salut de changer son statut.
Mathias trouve un dérivatif à son coeur blessé, un autre amour et finalement se détourne de sa mission de destruction anti-Harold.
L'auteure nous décrit tous les états de Harold, ses joies, ses blessures, en passant de la souffrance à l'espoir, du renfermement sur soi au raccrochement à l'amour des autres. Harold se révélera fort grâce aux sentiments que lui porte Axelle, sa mère et qu'il se porte.
La mère de Harold et Axelle, l'amoureuse, ne perçoivent pas tout de suite la détresse de Harold qui ne se montre pas toujours démonstratif, le cache pour mieux avancer, le tait pour ne pas laisser les autres avoir de prise. Les brimades sont minimisées car la souffrance ne se révèle pas clairement, elles ont une distance n'occupant pas la place d'Harold et elles se trouvent également fort occupées par leurs propres histoires.
La vérité se révèle à Axelle lorsqu'elle assiste à un jeu d'enfant dans un parc où l'un d'entre eux se trouve bousculé par les deux autres à l'insu de leur nounou et la jeune fille se remémore les confidences d'Harold, l'itinéraire d'un roux victime depuis les jeunes classes, la vie d'Harold de l'intérieur du cercle de violence.
La jeune Axelle décide d'agir de son côté contre l'odieuse opération « coup de pied à un roux » préparé par Ethienne au collège, essaye de réveiller les consciences de ceux qu'elle peut toucher les larmes aux yeux, les harceleurs ne s'en tireront pas à si bon compte.
C'est un roman qui devrait faire réagir, les méfaits du harcèlement moral en milieu scolaire peuvent dans un effet « boule de neige » aux premiers abords drôles et insignifiants avoir des effets graves voire mortels. Un bon support de discussion et de réflexion sur la place de la popularité chez les ados.
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