AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Mardiii


On a là un livre qui en fait constitue une retranscription de plusieurs conférences qui ont été données lors de l'Université d'été de l'animal en août 2016.

On commence sur la réflexion de Gilles Boeuf, intitulée "L'homme ne peut nier son animalité", qui remet l'homme à sa place d'animal, physiologiquement parlant mais aussi par rapport à des concepts tels que la conscience et l'utilisation d'outils, qui ont souvent été utilisés pour prouver la supériorité de l'homme, alors qu'il a été prouvé qu'ils ne sont pas le monopole de l'homme.

Après cela, on plonge dans les profondeurs de l'océan avec Pierre Lavagne de Castellan, bio-acousticien spécialisé dans le chant des baleines. J'ai trouvé ce chapitre, qui raconte comment les baleines communiquent et même préparent leur nourriture et soignent leurs semblables par leurs chant, absolument passionnant.

Vient ensuite le tour de Norin Chai, dans le chapitre intitulé "Peut-on parler d'une seule intelligence ?". C'est ce chapitre que j'ai le moins aimé, et ce à cause d'un simple "détail". En effet, si je suis absolument d'accord sur l'essentiel du discours de ce monsieur, selon lequel l'intelligence n'est qu'une question de degré et, surtout, de contexte, et non d'espèce, j'ai un peu tiqué quand il annonce que tout ceci est applicable aux animaux qu'on aime bien pour leur compagnie ou toute autre raison plus ou moins recevable, mais qu'il va faire exprès de laisser les vaches et les cochons en dehors de cette histoire parce que, bon, comme il les mange, ça le dérangerait de leur accorder une quelconque intelligence. Ce "détail" décrédibilise complètement, à mon avis, le discours de ce monsieur, que j'ai pourtant trouvé vraiment intéressant dans son ensemble. Très dommage...

Suit le récit de Claudine André, fondatrice du sanctuaire "Lola ya Bonobo" au Congo qui, comme son nom l'indique, accueille des bonobos, en particulier de jeunes bonobos faits orphelins par la chasse et le braconnage. Un récit très intéressant et émouvant, dont on retient en particulier son crédo : "la conservation passe par l'éducation".

Puis, on passe au chapitre "Le biomimétisme, ou comment l'animal nous permet de mieux comprendre l'homme", par Tarik Chekchak, dans lequel il nous fournit de nombreux exemples parlants (et parfois impressionnants) montrant que c'est dans la nature que l'on trouve les meilleures inspirations en matière d'adaptations durables pour notre survie et notre évolution. Il affirme, faisant un parallèle avec le premier chapitre, que l'intelligence n'est pas le propre de l'homme mais qu'elle prend différentes formes selon l'environnement et les besoins. C'est un concept très subjectif vu depuis le regard de l'homme, qui est par là même juge et partie. Il reprend ici le test du miroir et constate que, si certains animaux, tels que la fourmi, la pie, l'éléphant ou le signe, remarquent la tache et tentent de l'effacer, d'autres, que l'on considère pourtant comme intelligents (et qu'on accueille en tant que membres de nos foyers !), à savoir les chats et les chiens, ne la remarquent même pas. Et il dit, à ce sujet : "Faut-il en conclure qu'ils n'ont pas la conscience d'eux-mêmes ? Ou plutôt que le sens de la vue n'est pas aussi important pour eux qu'il l'est pour nous, et que cela a donc peu de sens de tester leur conscience d'eux-mêmes à l'aide de cet outil ?" Je crois que tout est dit !

On retourne ensuite dans l'océan, en compagnie de Frédérique Pichard, pour un récit un peu plus ésotérique mais non moins intéressant intitulé "Les dauphins m'ont appris à parler avec les animaux", dans lequel elle parle des animaux, et plus particulièrement des dauphins, ambassadeurs, dont je n'avais personnellement jamais entendu parler. Certains dauphins agissent comme s'ils s'étaient donné la mission de créer un lien, un contact privilégié entre les hommes et les animaux, de montrer aux hommes qu'ils sont intelligents et capables de communiquer.

On termine enfin le livre en compagnie de Pascal Picq avec le chapitre "Des animaux, des robots et des hommes", dans lequel on en apprend un peu sur l'histoire de l'éthologie et sur les nombreux parallèles qui peuvent être faits avec la sociologie. Il donne des exemples, faisant écho à Gilles Boeuf, montrant que sur de nombreux points, les animaux sont bien plus évolués que l'homme (si l'on se base sur les méthodes de calcul humaines). Il pousse sa réflexion jusqu'à aborder la question des robots, qui prennent de plus en plus de place dans nos sociétés - et dont je n'ai pas tout à fait compris la place dans cette conférence, excepté quand il parle de ce cabinet d'avocats qui est en train de travailler sur un projet de loi concernant les droits des animaux... alors qu'on parvient tout juste à accorder des droits aux animaux qui, eux, sont vraiment vivants et sentients ! (#WTF...)

En bref, un livre qui aborde des sujets très variés, mais qui reviennent toujours un peu à démontrer que l'animal n'a rien à envier à l'homme en matière d'évolution et d'intelligence, et qu'il serait avant tout question de faire preuve, en tant qu'humains, d'un peu plus d'humilité et de réalisme.
C'est parfois un peu fouillis (car retranscrit depuis des conférences orales), mais on a là un contenu vraiment riche et qui ouvre des perspectives et des pistes de réflexion vraiment intéressantes.
Lien : http://sunylechevelee.blogsp..
Commenter  J’apprécie          30



Ont apprécié cette critique (3)voir plus




{* *}